Quelle idée il avait eu. Mais quelle idée ! Cette journée aurait pu se passer relativement bien. Enfin... On connait le bonhomme a présent. Mais devait-il dire qu'il avait forcé le malheur a venir a lui ? Tout a fait ! Et il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.

Au départ tout allait bien, il était même plutôt de bonne humeur. Alors en vrai qu'est-ce qui pouvait se passer ? Si dame providence avait daigné le laisser tranquille pendant un petit moment, il en avait profité pour rejoindre la course d'orientation organisé par quelques professeurs. Voilà de quoi l'occuper et lui changer un peu les idées, oubliant pendant un temps sa singularité. Bon d'accord, certains élèves avaient pesté en le voyant débarquer, mais il n'en avait pas tenu rigueur. Au fil du temps, il avait appris a ne plus trop s'en soucier. Et c'est ainsi qu'il fit parti du groupe a partir en direction des montagnes. Alors oui, le début se passa relativement bien, en effet. Mais de petits événements étaient venu ponctuer la journée. Des chutes de branches, des glissements de neiges. Parfait tout ça ! Bon, en vrai ce n'était pas dramatique.

Pourtant il les avaient entendus a un moment. "Il pourrait pas disparaitre ? On sera tranquille". Qui avait dis ça, il n'en savait rien. Mais il l'avait entendu distinctement. Ainsi que les acquiescement qui suivirent. Ah... Oui mais... Ce n'était pas sa faute après tout... Ou si ? En tout les cas, ce furent ces élèves qu'écouta dame providence, qui plainait bien au-dessus de leur tête dans l'attente de frapper un grand coup. Un karma inversé en quelque sorte. Car oui, ces petites balises étaient bien belles et Félicité qui marchait un peu en retrait pour freiner au mieux sa singularité, les suivait sans les perdre de vues.  Mais voilà, une petite plaque de glace enseveli sous la neige et dégagée par tout un troupeau d'adolescent et tout pouvait basculer. Et ce fut exactement ce qui sa passa.

Il glissa et bascula subitement sur le côté, dévalant la pente, ce qui l'éloigna du groupe. Par chance dans son malheur, il tapa un arbre qui amortie sa chute. Par contre son dos pris un petit coup. Mais qu'est-ce qu'il foutait là cet arbre d'ailleurs ? Ah ? Ah oui. Une forêt bien évidemment. Et qu'est-ce qu'on fait en forêt quand on pas une once de chance ? On se perd oui, bravo ! Un cookie pour la bonne réponse ! Il tenta de retrouver la piste mais sans succès. Nul doute qu'il tournait en rond en plus. Bravo Félicité ! Encore une fois tu fais des tiennes ! Finalement, le souhait des élèves de tout a l'heure allait certainement se réaliser. Non ! Il n'allait pas abandonner aussi vite ! Hors de question ! Le soucis... C'était qu'il faisait de plus en plus sombre. La nuit ne tarderait pas a tomber. Et ce n'était pas du tout rassurant. Lui qui avait une certaine phobie du noir... Manquait plus que l'orage tiens...

A chaque arbre, il s'attendait a voir surgir un ours ou autre bestiole qui pourrait l'attaquer. Et justement, ses mises en gardes portaient leurs fruits. Ou presque. Il commençait a fatiguer et a avoir froid. Il ne faisait plus trop attention au bout d'un moment. Depuis combien de temps il errait comme ça ? Assez pour se résoudre qu'au final, il resterait ici et que finalement, ce n'était pas si mal et éviterait a beaucoup bien des soucis. Sa malédiction aurait terminé de jouer avec lui. Enfin, pas tout a fait. Alors qu'il avançait dans la pénombre déjà bien avancée, il ne vit pas la pente devant lui et bascula complétement avant de se réceptionner a peine plus bas dans un buisson de ronces, quasiment la tête en bas. La panique l'envahit pendant un instant où il chercha a se débattre, pour finalement se rendre compte qu'il s'entortillait encore plus dans les ronces. Il ne devait pas céder totalement a la panique, non ! Et pourtant, il perdait son calme. De ses yeux embrumés, il releva la tête, ayant entendu une voix non loin de là. Il ne l'avait pas reconnu sur le coup et se demandait si c'était une bonne idée de répondre.

"P-Personne !" Répondit-il dans la panique, au bord des larmes.

Il s'était encore plus accroché au buisson avant que le doute ne s'évapore lorsqu'il vit apparaître la professeur. La chance dans le malheur comme on dit. Et bien qu'il n'aimait pas vraiment qu'on l'aide, il n'eut d'autres choix que de la laisser faire pour le dégager. Quoique... La vue d'un couteau si près de lui, ça ne le rassurait pas énormément... Mais bouger a proximité était certainement la pire idée possible. Surtout se connaissant. Et au final, l'adulte décida de laisser tomber la lame pour arracher simplement les plantes. Oh non mais... Elle allait se blesser encore par sa faute. Et après une lutte qui lui sembla durer bien longtemps, il put enfin toucher le sol, loin de sa prison de ronces. Il tituba un peu avant de se remettre droit sur ses jambes et la tension retomba doucement. De la lumière, un professeur. Plus la peine de paniquer, il respira doucement pour se remettre les idées en place. Tori sembla s'inquiéter pour lui. Il s'était plus attendu a des remontrances en réalité.

"C'est... C'est rien... Mais... Désolé... Vos mains, ça va ?"

Il s'inquiétait toujours bien plus de la répercussion chez les autres que sur lui-même. Personne ne devait pâtir de ce qu'il pouvait provoquer. Les ronces en faisait partit, après tout, c'était lui qui était coincé dans ce fichu buisson ! Et puis, il avait l'habitude de ce genre de situation. Bon, se perdre c'était bien une première, mais il fallait bien un début a tout, non ? Tori vint même jusqu'à lui proposer de prendre son manteau.

"Ça ira, merci... Vous allez avoir froid sinon"

Leurs yeux se croisèrent l'espace d'un instant, puis il baissa les yeux tout aussi vite. Il se sentait un peu honteux dans l'immédiat. Devoir être secourut parce qu'il n'arrive pas a maîtriser cette fichue singularité. Il n'aimait pas non trop être prit en pitié, mais dans l'état... Il frissonna et d'un coup, il sentit de la chaleur autour de lui. Réactivité a bas niveau lorsqu'il remarqua qu'au final, elle lui avait quand même donner sa veste. Oui, non, mais, c'est elle qui allait chopper quelque chose comme ça. Et pourtant il ne chercha même pas a la retirer sur le coup. Son attention fut par contre toute monopolisée par la conversation téléphonique. Il se retourna vers Tori.

"N-Non ! S'il vous plaît non ! Ça... Ça va aller. N’appelez pas. S'il vous plaît... J'ai l'habitude, je vous jure que ça ira... Je veux pas... je veux pas risquer de provoquer un accident..."

En soit, sa plus grande hantise. Il savait que n'importe quelle catastrophe sur la route pouvait être plus que dramatique. Il en avait déjà rêvé. Il ne voulait pas le vivre. Un train qui s'arrête de fonctionner, ce n'était pas si grave vu qu'il suivait une ligne définie. Mais une voiture pouvait très bien partir dans le décor et faucher des gens au passage. Il n'était pas du tout prêt a ça ! Et ne voulait jamais l'être. Étais-ce seulement possible ? Pour l'instant, il remerciait le destin de ne pas encore l'avoir confronté a quelque chose d'aussi terrible. Puisse t-il continuer ainsi.

Bien évidemment, c'était sans doute trop tard. Mais pas moyen que ça se produise. Félicité prouverait qu'il n'a pas besoin de soin et pourrait se remettre tout seul. Ce n'était que des écorchures un peu partout. Tori revint vers lui, lui posant quelques questions. Il y en avait au moins deux auxquels il pouvait répondre. Il hocha alors lentement la tête.

"Ça va... Ne vous inquiétez pas... J'y arriverais"

Il avait un peu mal et était un peu fatigué, mais rien qui puisse l'empêcher de se déplacer. A part un buisson. En y pensant, c'était assez tragique en fait. Vaincu par des plantes vertes. Par contre, lui aussi se posait la question du temps qu'il avait passé depuis sa première chute.

"Pour être honnête, j'en sais rien... J'aimerais bien le savoir"

Il n'avait jamais de montre sur lui. De toute façon, elle tombait généralement très vite en panne donc, c'était inutile de s'encombrer. Il soupira et osa a nouveau reporter son regard sur la professeur.

"Désolé... J'aurais mieux fait de rester a l'académie... Ça aurait évité des soucis.."

Des mots qu'il avait fortement l'habitude d'entendre. Enfin, quand ce n'était pas ceux qui s'amusait a lui rappeler ce qu'il était. Dès qu'il s'inquiétait pour les autres, on lui disait de s'inquiéter plutôt pour lui-même. Sauf que lui, il en avait l'habitude et il vivrait avec pendant encore longtemps -Enfin, si sa singularité ne décidait pas de lui faire un contre-coup des enfers-. Mais d'autres n'avaient pas a subir ça. C'est comme ça qu'il était parti de son île natale, laissant la paix a ses parents qui avait bien souffert pendant des années. Il n'était pas trop a l'aise, mais devrait faire avec. Non, ce n'était pas ça qui la tuerais. Qui savait d'avance ce qui le pourrait ? Surtout avec un accélérateur de diminution d’espérance de vie à côté. Mais dans son fort intérieur, il espérait juste que ça se passe bien. Qu'on le laisse tranquille ou qu'il n'arrive que de toutes petites choses. S'il arrivait malheur... Il ne le supporterait certainement pas. Mais au moins, il obtint gain de cause pour l'ambulance, et c'était déjà une grande victoire. Mais... Se rendre dans une clinique... Non non non. Pas possible. Vous savez le nombres de choses soumis a l'aléatoire des catastrophes là-bas ? Beaucoup ! Enfin certainement. Comme toujours, il sentait que ça allait mal tourner cette histoire.

Il murmura un remerciement et un acquiescement tout en baissant la tête. Que dire de plus ? Chercher a la faire oublier cette histoire ? Aucune chance, il n'y parviendrait pas. Est-ce que... Ça faisait aussi parti de sa singularité ça ? Nan ! Tout n'était pas forcément dû a cela. Mais méritait a réflexion. Plus tard. S'ils arrivaient a rentrer... Oui, il fallait aussi voir ça. Sortir d'une forêt était une chose. Se rendre a une clinique en était une autre. Et rentrer... C'était la finalité. L'apothéose qui triompherais de cette affreuse journée. Il ne serait pas seul a l'affronter. Étais-ce rassurant pour autant ? Un peu quand même. Et en même temps pas du tout. Il ne savait pas trop s'il devait se réjouir ou non.

"Je sais bien... Mais je suis sûr que tout le monde serait rentré sans problème..."

Oui, il faisait bien allusion aux blessures peut-être superficielles de l’adulte, mais c'était déjà un problème en soit. Qu'elle soit la a venir le chercher alors qu'il n'y aurait eu aucune raison techniquement. Ça aurait pu être n'importe qui, mais voilà, c'était lui. Pas quelqu'un d'autre. Le hasard faisait bien les choses, non ? Il avait pensé pareil, qu'il pouvait quand même faire ce qu'il voulait. A croire que non finalement. On le ramenait toujours sur terre d'une quelconque façon.

Il la suivit alors, non sans crainte. Il jetait des regards frénétiques autour de lui, même s'il ne voyait rien. Et pour cette dernière raison, il marcha de façon très rapproché de l'adulte. Ah la peur du noir... Couplé a la peur de voir arriver tout et n'importe quoi. Chaque petit bruit le faisait réagir, sursauter, pivoter sur lui-même, manquant parfois de tomber. Non, il n'était pas tranquille. Pas du tout. Et ça pouvait aisément se remarquer. Il sentait que quelque chose venait. Mais quoi ? S'il le savait ce serait certainement moins drôle. Un craquement de branche par-ci, un hululement par-là. Nan mais, cette forêt était bien plus effrayante qu'il ne l'avait imaginé.

"Vous... Pensez qu'il peux se cacher quoi... Par ici.. ?"

Qu'il ne soit pas vraiment étonné si un ours ou un dragon leur tombait dessus subitement.
... Ouhai peut-être pas un dragon, mais sait-on jamais. Un ours s'était déjà pas mal du tout. Et puis, c'était bien un écureuil qui l'avait surprit et fait chuté plus tôt dans la journée. Il s'attendait juste a tout. Mais surement pas a ce qui pourrait réellement les attaquer. S'il y avait des bestioles intéressées a s'en prendre a eux.

"Et si... Elle ne nous laisse jamais rentrer..."

C'était plus un murmure qu'autre chose. Mais bien ce qu'il ressentait au fond de lui. Après tout, c'était bien partit pour.

On ne pouvait pas cacher que le stress montait un peu chez Félicité. Enfin un peu. Il augmentait parallèlement a leur avancé. Justement, il savait parfaitement les risques et en avait déjà mesuré quelques-uns. Et en oubliait surement beaucoup, comme d'habitude. Les mains de l'adulte était une chose, mais maintenant, il pensait surtout a ce qui pouvait potentiellement leur tomber dessus. Mais il ne pouvait que s'incliner devant les explications qu'on lui donnait.

"Je sais oui. Je crois que sans vous, on serait complétement largué"

Il se souvenait avoir fait beaucoup de changement d'école a cause de ce qu'il provoquait. Et celle-ci était probablement celle dans laquelle il se sentait le mieux. Déjà par l'encadrement dont disposaient les élèves, le peu de jugement des singularités et surtout, l'empathie et la compréhension. Il avait l'impression de se sentir moins abandonnés qu'auparavant. Dans les écoles standard, on l'évitait aussi. Ici, on faisait avec, même s'il fallait l'avouer, ce n'était pas forcément une bonne chose de son point de vue. Il avait quand déjà ruiné le portail d'entré et a moitié détruit le gymnase, sans compter les retards de train certains matins. en l'écoutant, il serra légèrement les poings.

"J'espère... Je ne suis pas persuadé qu'un porte-bonheur puisse m'aider. Mes parents avaient essayés il y a quelques années, ça n'a servit a rien. La chance qu'ils avaient, c'était que je ne soit pas tout le temps a la maison..."

En vrai, c'était un peu dur de se dire ça. Il n'y avait jamais vraiment prêté attention mais... C'était vrai. Ses parents devait être bien tranquille maintenant. Après tant d'année a le supporter. Il s'arrêta un instant, fixant le sol. En vérité, son absence était la meilleure chose qui avait pu leur arriver depuis sa naissance. Il y avait de quoi se foutre un gros coup au moral avec tout ça. Étais-ce vraiment le moment de ruminer ? Non. Un craquement le tira de ses pensées et lorsqu'il se rendit compte qu'il n'était plus a côté de sa professeur, il accéléra le pas, ne voulant pas se retrouver nez a nez avec une créature dangereuse. Pas comme ça.

"Vous... Vous êtes sûre... ? J'ai l'impression d'entendre quelque chose..."

Heureusement, elle le rassura en lui indiquant qu'ils étaient proches de l'orée de la forêt. Enfin ! Au final, ça n'avait pas été si difficile que ça. Mais justement, c'était bien trop facile. Dame providence avait patienté dans l'ombre trop longtemps. Les dés du destin furent jetés !
A peine la balise fut-elle éclairée que la lampe torche s’éteignit subitement. Le noir enveloppa Félicité qui senti la panique le gagner à nouveau. Il avait une sainte horreur de l’obscurité et qui plus est, il pouvait se terrer n’importe quoi entres les arbres. Il entendit alors un bruit et sursauta avec un léger cri avant de filer vers l’endroit où devait se trouver la balise. Juste retrouver un peu de lumière pour se rassurer ! Tant pis s’il s'éloignait Un peu de la professeur. Et après quelques mètres, un craquement retentit suivit d’un cri de douleur. Et Félicité s’effondra au sol, sonné par la branche qu’il venait de prendre sur la tête. Il tenta alors de se relever, malgré le malaise du choc.

"C-ca va..."

si on oubliait que sa tête lui donnait l’impression d’être dans un grand huit.

Le garçon avait écouté l’adulte avec attention. Hochant parfois la tête, baissant yeux de temps en temps. Il ne connaissait pas les limites de sa singularité, et c’était ça qui l’effrayait le plus. Il ne pouvait que l’imaginer. Quoique… non. Il ne préférait pas en réalité. Ça n’augurait jamais rien de bon. La preuve, ça allait de pire en pire, tout doucement. Avec un peu de chance, il ne leur arriverait pas grand-chose, juste des petites bricoles. A moins que quelque chose de plus terrible ne se prépare dans l'ombre. Et ce n'était pas une possibilité a écarter au vu de la gravité moindre de ce qui se passait actuellement. Bon d'accord. Il faisait complétement noir et une branche avait voulut lui faire un câlin pour le réconforter. Bon, mais après, il avait vu pire déjà ! Et verrait certainement encore pire.

Alors qu'il se tenait la tête pour faire partir la douleur qui l'accablait, il entendit sa professeure venir vers lui. Avec l'obscurité, il ne cacha pas qu'il avait tout de même une once de doute. Prof ou créature se terrant dans l'ombre ? Il espérait grandement que ce soit la première option. Heureusement, il fut vite rassuré sur ce point-là.

"Je… Elle est tombée…"

Il prit un instant pour se remettre de ses émotions. Et se remit debout, non sans un peu de mal et manquant de retomber. Mais il parvint a tenir sur ses jambes et a avancer avec Tori sans rencontrer trop de soucis, malgré un mal de tête qui persistait encore un peu. Il s'accrocha a l'adulte, plus par rapport a son Achluophobie qu'à l'incident de la branche. Mais quelle idée il avait eu de venir ! Non mais franchement.

C'était un peu difficile de se repérer dans la nuit, mais au bout d'un moment, il aperçu une lumière un peu plus loin. La sortie ! Enfin ! Il ne restait plus beaucoup de pas a faire pour sortir de cette fichue forêt ! Loin de ce qui se terrait derrière les arbres. La petite pente était bien là. Il ne restait qu'à la descendre. Sauf que Félicité glissa et se retrouva en bas après une séquence de luge improvisée, mais sans gravité cette fois.

"Merci ! De la lumière ! Enfin un semblant de chance !"

Avant que celle-ci ne s'éteigne brusquement ? Visiblement non, ils avaient enfin une vrai petite chance dans toute cette aventure. Il se redressa, toujours en se tenant la tête. La migraine commençait a passer mais un geste trop brusque lui rappelait immédiatement le coup qu'il avait reçu. Mais maintenant, il n'y avait plus rien n'est-ce pas ? Un bruissement se fit entendre et Félicité sursauta en se tournant vers son origine. Un simple chevreuil qui venait de passer a l'orée de la forêt; rien de plus. Le jeune soupira et se tourna vers la professeure.

"Désolé…"

Et avec un peu de chance….

"Vous connaissez le chemin pour retourner a l'académie ?"

Du bitume. Pas d'arbre menaçant. Pas de créatures féroces. Nan vraiment. Si Félicité aimait bien la forêt, là clairement, il était content d'en être enfin sorti ! Et il n'y retournerait certainement pas de sitôt. Enfin, encore faudrait-il qu'ils puissent rentrer sans encombre. Et ça, c'était déjà moins sûr. Mais avec tout ce qu'il s'était déjà passé, cette chère Dame Providence pouvait bien leur foutre un peu la paix, non ? C'était peut-être trop demandé. Bon en tout les cas, ils étaient en bonne voie !

"C'est plus très loin. Enfin je pense ?"

Pas une autre forêt a traverser ! Pitié ! Il n'entrerait jamais dedans si c'était le cas ! Pourquoi avait-il fallut qu'ils aillent par ici ? Une randonnée autour de l'académie, c'était bien aussi, non ? Il en ferait la suggestion en tout les cas. Pas sûr que ce soit vraiment mieux, mais au moins, c'était moins loin. Un bon point en plus.

Félicité regarda les environs. Tout semblait correct pour l'instant. Les réverbères étaient encore allumés et ils n'étaient donc pas dans le noir total. Bon ! Le plus dur restait tout de même a venir. Surtout qu'apparemment, l'académie, c'était pas la porte a côté. Il n'avait pas du tout fait attention en venant. Il avait pensé que c'était plus près que ça. La poisse ! AH bah voilà ! Elle continuait ! Pas dans le sens qu'il pensait, mais elle était toujours là.

"20 minutes ? … Vaudrait mieux ne pas trop traîner alors…"

S'ils voulaient y arriver avant le lendemain. Alors, il commença a avancer, priant silencieusement le ciel de les laisser faire leur petit chemin tranquillement. Pourtant… Il y avait une autre ombre au tableau. Félicité s'arrêta, regardant a nouveau autour de lui avant de se retourner vers Tori. Il avait oublié un tout petit détail.

"Euh… Je sais pas part où c'est par contre… J'vous laisse passer devant"

C'était un coup a se perdre encore plus cette histoire. Et c'était pas le moment !

Alors ça, c'était clairement la question a ne pas poser. Bien sûr que non ça n'irait pas. Alors oui, il l'espérait. Mais ce n'était pas aussi simple que cela. A la limite, le manteau et le froid, ce n'étaient que des broutilles. Il pouvait se passer tellement de chose… Qu'il ne pensait pas aux plus évidentes. Il imaginait tout de suite le pire.

"Ouhai. Ca va aller"

Plus pour se rassurer lui-même qu'autre chose a vrai dire. Il n'allait quand même pas dire le contraire. Bon, après tout, ils n'avaient pas une trop trop longue distance a parcourir. C'était déjà ça. Et puis…

"40 minutes ?!"

Naaaaan. Elle se moquait de lui. Pas vrai ? Dites qu'elle se moquait de lui là. Parce que là… Quelle poisse ! Décidément. Bon, dans l'esprit de Félicité, c'était tout a fait clair. Il ne fallait pas traîner. Définitivement pas. Il attendit alors que la professeure ouvre le chemin. Il valait mieux. Vous imaginez Féli qui ouvre la voie ? Qui guide des gens ? Nan ? Vous avez raison. Et ce fut avec une grande appréhension qu'il suivit. Non sans jeter très régulièrement des regards a gauche et a droite. Oui, il était très nerveux et c'était compréhensible.

"Vous savez… en vrai ça va… Parfois, je fais le trajet du pensionnat a l'académie a pied. Et ça prends presque 1h sans s'arrêter…"

Pourquoi lui dire ceci ? Pour ne pas l'inquiéter quand a sa capacité a marcher longtemps ? Ou pour relancer la discussion ? Un peu des deux peut-être. Car le silence de la nuit était assommant. Pesant. Et ne plaisait guère a notre petite catastrophe ambulante. Il s'était arrêté un instant, croyant entendre un bruit un peu plus loin. Puis voyant la distance s'agrandir entre lui et Tori, il se mit a courir pour la rejoindre. Mauvaise idée. Il dérapa a cause du manteau et se retrouva a nouveau au sol. Décidément, mais qu'est-ce qui n'allait pas avec lui ? Là, il sentait que la route serait longue. Plus qu'il ne le pensait.

"Ca va…"

Dit-il en prévention avant de se relever. Ah, ses mains étaient un peu écorchés, mais il eu vite fait de les cacher dans les manches du manteau. Si en plus il montrait qu'il se blessait encore un peu plus… Ils n'auraient jamais terminé.

"Je… Je vais faire plus attention, promis…"

Arrêter de faire n'importe quoi et se concentrer sur la route. Peut-être que c'était la distraction qui laissait champ libre aux catastrophes. Bien que pour l'instant, c'était gentillet tout de même.  Il ne voulait pas être plus un boulet qu'il ne l'était. Et c'était pas gagné…

"Ne vous inquiétez pas, ça va aller"

Il fallait bien après tout. Puis l'habitude… On connait la chanson a force, non ? En tout les cas, il fallait al rejoindre cette académie, n'importe comment. Passer la nuit dehors… Très peu pour nos deux aventuriers, pas vrai ? En bref, Félicité se contenta de suivre sa professeure, guettant en même temps une survenue soudaine d'évènements indésirables. Il était un boulet. Une plaie béante. Et s'en rendait très bien compte. Il s'en rendait de plus en plus compte d'ailleurs. C'était compliqué a gérer même pour lui. Surtout pour lui. C'était loin d'être une surprise.

"Quand c'est possible, oui. Et oui… c'est pas une surprise je pense. Et puis quand il tombe en panne, c'est toujours ma faute. Alors j'évite."

Sauf quand il pleuvait ou qu'il devait faire le taxi pour Gil. Il n'aimait pas être secoué le petit machin hargneux. Comment était le paysage ? Rien de plus extraordinaire qu'à bord du train il lui semblait. Bien qu'il ne faisait pas attention a ce qu'il se passait par la fenêtre quand il voyageait. Bon, changer de conversation leur ferais surement du bien a tout les deux.

"Ca dépend vraiment. J'ai établi plusieurs chemins et selon le temps ou les obstacles je change"

Et il lui raconta tout ses trajets. Il n'en avait pas des masses non plus. 3 en réalité. Mais de quoi tenir la conversation pendant un bon petit moment. Assez pour arriver jusqu'à l'académie ? Presque en réalité. Laissant également le temps a la prof de lui poser des questions entre chaque phrase ou rajouter quelque chose qu'elle souhaitait dire. Au final, le chemin ne se passa pas trop mal. Peut-être des petits contretemps qui n'avait rien a envier a cette escapade en forêt. Ah. Il s'en souviendrais pendant longtemps. Et n'y remettrait plus jamais les pieds.

Jamais sur le trajet, il ne montra signe de fatigue. Ou du moins, cherchait-il a la contenir. Ne pas inquiéter plus, se montrer a la hauteur de sa professeur rebondissante d'énergie la plupart du temps. Mine de rien, il la remercia chaudement de ne pas avoir fait le détour prévu. C'était un stress en moins. Trop de risque a s'y rendre. Sa chambre, lui conviendrait tout aussi bien. Ou presque.

"D'accord. Ca me convient très bien. Et désolé pour tout ce bordel…"

Ah non il n'avait pas terminé de s'excuser. Mais bon, l'infirmerie c'était moins dangereux qu'un hôpital. Et puis, comme on dit souvent, l'habitude de s'y rendre. Au moins on le connaissait là-bas. Et fallait juste qu'il ne s'endorme pas sur place. Ce qui pourrait bien arriver au vu de la fatigue qui venait subitement de lui tomber dessus.

"Et merci de m'avoir ramené. Je vous revaudrais ça"