Calme
Les yeux fermés sur le rythme, ses pieds glissant à même le sol avec une maîtrise aisée, son corps laisse la musique le posséder sans même en avoir conscience. Une sensation de bien-être glisse en son esprit comme pour espérer l'endormir à coups de pommade salvatrice La voix douce de sa marraine résonne encore à ses oreilles dans un tendre souvenir. Il semblerait que certains humains tranquillisent leurs consciences et leurs nerfs à coups de boissons amères nommées "alcool" ou dans la manipulation d'herbes étranges ou transformées en poudre. D'après la gardienne, les terriens et terriennes abusant de ces substances essayent d'effacer des souvenirs pour s'offrir une dose de mirages apaisants.
Échec
Le ridicule de la situation n'échappe pas à son esprit vif alors qu'un fin rictus étire ses lèvres rosées. Les consommateurs et consommatrices de ces produits rêvent sérieusement d'échapper à leurs démons de cette manière alors qu'ils et elles ne voient même pas que leur addiction est déjà un problème en soi ? Leur intelligence tordue croit réellement s'affranchir de la réalité quand le réveil est aussi brutal et n'offre aucune échappatoire dans l'avenir ? Pensent-ils et elles sincèrement que leurs habitudes puissent perdurer dans le futur et leur donner un cadre de vie plus décent dans lequel leur consommation serait devenue inutile ?
Travail
Si bien des êtres lui ont ri au nez à l'énoncé de son rêve dit impossible, tous et toutes ont baissé les yeux devant la flamme de la détermination brillant dans son regard d'améthyste. Pourquoi renoncer quand tout un monde extraordinaire peut s'ouvrir à soi sous la bénédiction d'une préparation rigoureuse et d'un entrainement acharné ? Les bouches cruelles ont parlé de chimère et d'utopie dans son cas mais possèdent-elles seulement le dixième de sa volonté ? Aucun ou aucune n'a pu suivre le rythme de ses pas ni même daigné comprendre la beauté des notes.
Persuasion
Un jour, puisse t-il être lointain, son corps sera sur une scène sous les yeux admiratifs d'un public respectueux et sa voix perdue retrouvera le chemin des cieux pour s'infiltrer au creux des cœurs.Les rires et les moqueries s'étrangleront dans les gorges pour laisser place à des joues rougissantes, partagées entre la jalousie et le ravissement. Après des années de souffrance, il est temps de laisser sa personnalité s'affirmer à travers les rêves et le travail. Rien ni personne ne pourra plus arrêter sa destinée.
Exercices
Le sol ne fait plus qu'un avec son corps alors que l'atmosphère recueille la légèreté de ses bras mouvants. Ses pieds nus tournent, se retournent et glissent sur la poste improvisée du parquet alors que ses yeux se ferment sur la nuit éternelle du monde. La chorégraphie improvisée se répète dans son esprit comme pour en mémoriser le tableau. Si la grâce et la beauté des gestes vont de pairs avec le monde de la danse, un mince défaut peut être attrapé par tout regard un tant soit peu observateur. Comme le mannequinat, l'obsession de la ligne frappe les danseurs et danseuses alors comment ne pas repérer ses côtes maigres et ses membres efflanqués d'un poids plume terrifiant partiellement dissimulé sous son kimono ?
Désir
Peu importe le nombre de calories perdues dans l'enchaînement des mouvements et la dépense énergétique, toute son âme prie pour un peu plus de temps. Que les minutes s'allongent encore et encore afin d'espérer annihiler le stress et les angoisses dévorant ses pensées. Que l'espace d'un instant, sa mémoire lui fasse défaut et oublie l'absurde décision de la direction de lui assigner un ou une colocataire autre que sa cousine adorée. Si certains êtres humains ont besoin de se détruire la santé pour étouffer des souvenirs douloureux, peut-être est-ce la danse qui lui sert d'addiction hallucinatoire ? La seule différence réside dans l'avenir sur le long terme, les drogues artificiels pouvant offrir la mort quand devenir chorégraphie est un rêve frôlé du bout des doigts à condition que la Grande Faucheuse ne regarde pas trop sa taille de guêpe affolant la balance.
Interruption
Un mouvement d'air, là sur sa droite ! Aussi futile soit-il ou elle, quelque chose se déplace non loin de son cercle intime. Si ses oreilles n'enregistrent aucun son au travers de la musique, ses yeux clos ne l'empêchent nullement de prêter attention au moindre changement dans son environnement. Ses pieds cessant brusquement leur manège, tous ses muscles se crispent dans un arrêt frustré. Tous ses sens en alerte, son regard se tourne lentement vers la source de distraction avant qu'une légère teinte rouge ne monte à ses joues bronzées.
Description
Il lui est inutile de nier combien la disparité de leur culture saute aux yeux de prime abord. Ses iris violets attrapent une fine silhouette vêtue d'un pantalon sombre et d'un haut poncho de la même teinte. Une fine ceinture ornée d'un sac entoure sa taille pour tomber gracieusement sur ses hanches. Ses longs cheveux bruns tirant sur le noir portent une coiffe où pendent des plumes et des perles du côté droit. Ses grands yeux couleur du ciel s'entourent d'un grand masque de peinture bleu alors que ses sourcils naturels sont rehaussés d'une pointe de maquillage à la teinte d'ébène. Un trait blanc sous chaque pupille rejoint huit petits points immaculés dessinés à même sa peau. Un léger trait de pastel rouge décore sa lèvre inférieure pour continuer en trois fines lignes sur son menton dont une se prolonge le long du cou.
Différences
Une absence de similitudes frappante unit les deux êtres, tant par leur tenue vestimentaire que par leur physique à une exception près. Si l'ombre inconnue semble bénéficier d'un rapport taille poids plus que correct, l'être aux cheveux roux incendie culmine à quelques centimètres plus haut mais parait faire dix à quinze kilos de moins tant son corps maigre se repère en dépit de son kimono serré. Seule leur peau aussi basanée et naturellement brûlée par le soleil l'une que l'autre leur donne un point commun.
Connaissances
Au cours de ses années d'éducation prodiguée par sa marraine et dont a également bénéficié sa cousine, sa mémoire redessine encore les contours d'une journée dédiée aux différentes cultures humaines. Si leurs esprits n'en comprennent pas toujours le sens tant les terriens et terriennes ont un mode de vie des plus absurdes à leurs yeux, certaines peuples ont retenu leur attention, notamment ceux ayant un fort lien avec la nature et l'environnement. Aussi, la culture amérindienne envahit toutes ses pensées dès que son regard s'est posé sur l'étrange personnage.
Incompréhension
Si son savoir lui a permis de deviner d'intuition la probable nationalité de la fine silhouette, il dépérit lamentablement au profit de l'ignorance en la voyant à quatre pattes sur le sol à la manière d'un animaux comme ses précieux compagnons. Pourtant, l'ombre ne ressemble nullement à ses gardiens loup et renard alors pourquoi adopter une telle position ? Des points d'interrogation se peignant dans ses grands yeux d'améthyste, sa tête se penche sur le côté comme dans l'espoir de mieux comprendre cet insolite comportement.
Hypnose
Comme suspendue hors du temps, la musique aux sons médiévaux résonne encore alors que les yeux d'une merveille d'eau violacée attrapent les iris d'azur. Les traits fins de son visage s'agrémentent d'un tendre sourire d'une pure innocence alors que son regard ensorcelant manque de noyer la silhouette inconnue sous sa puissance attractive. Si aucune once de méchanceté ou de ressentiment mauvais ne s'échappe de son âme, ses pupilles violettes semblent être un danger à elles-seules tant leur force d'attraction dépasse l'entendement.
Délivrance
Sans même en avoir conscience, le visage halé cille légèrement et se détourne afin d'éteindre l'enceinte toujours fonctionnelle, libérant ainsi le personnage amérindien de son emprise involontaire. Le dos tourné durant quelques secondes, ses doigts s'agitent sur les boutons avant que les notes ne se taisent avec lenteur. Le corps en mouvement et ses yeux violets scrutant la chambre, une fine ligne de bois attire son attention périphérique sur sa gauche. Une légère grimace naît discrètement sur ses lèvres à la reconnaissance de l'objet. Ainsi, ELLE a pensé à tout, même aux accessoires d'aide ou instrument du mépris selon les points de vue. La réponse est aussi évidente que son propre questionnement, comme si ELLE pouvait ignorer le mal rongeant ses doigts et lançant de vifs signaux de souffrances par moments comme aujourd'hui. Son esprit en est certain : l'outil n'était pas présent à son arrivée, elle a dû le rajouter par magie en constatant l'état de ses phalanges au cours de sa danse.
Urgence
Ses poings se serrent par réflexes et un rictus de douleur traverse ses lèvres délicatement rosées avant de se forcer à rouvrir la paume avec difficultés. Ses doigts soudainement raidis adressent rapidement un signe d'excuse à la silhouette à la coiffe indienne avant d'attraper un large bol sur le bureau. La marque d'une torture incompréhensible sur le visage, ses mains tournent le robinet du lavabo de fortune situé non loin et remplit le contenant d'eau froide.
Incongru
Les chants d'oiseaux résonnent en écho à la fenêtre alors qu'un groupe d'une demi-douzaine de volatiles aux plumages multicolores pénètre dans a chambre, tenant entre leurs pattes frêles un petit sac où luisent quelques cubes de glaçons. Tandis que les doigts endoloris libèrent les formes glacées, les oreilles perçoivent les forts piaillement d'un moineau aux plumes bleus perché près de son épaule comme une musique de reproches. Plongeant ses mains dans le bol à l'eau gelée, ses yeux se ferment dans un soulagement intérieur intense. Durant quelques minutes, rien ne brise le silence instauré entre les deux probables colocataires si ce n'est les piailleries de l'oiseau. Des sons ressemblant à ceux de la fureur s'échappant de son bac, le minuscule animal vole vers l'armoire entrouverte et saisit sans hésiter une paire de mitaines de cuir noir qu'il dépose sur la table dans un chant rageur.
Communication
Hochant la tête en signe de remerciement, l'être aux mèches enflammées retire ses doigts de la glace et les sèche délicatement sur une serviette emmenée par les cinq autres volatiles. Enfilant les gantelets avec une légère grimace, ses phalanges tremblent avant de s'agiter avec une lenteur effroyable, chaque geste brûlant ses muscles raidis et lui arrache un rictus douloureux. Sans que ses lèvres rosées ne s’entrouvrent, une voix enfantine résonne dans la chambre avec un doux accent aux sons écorchés.
- D'abod, moi n'exuzer pou langue...Ze ne pawle pas né mazie twaducchion mache mieux si ze nonnais langue fache...Mais ze ne nonnais pas japonnais...Pawdonnez n'auchi lenteux doigts...Ze chigne plus vite d'habitule mais ze chouffwe maladie chwonile doigts né danche n'a wéveillé nefs atwophiés...Cheule eau glachée me choulage tempowaiwement(D'abord, je m'excuse pour ma langue mais je ne parle pas et la magie de traduction marche mieux si je connais la langue en face mais je ne connais pas le japonais...Pardonnez aussi la lenteur de mes doigts...Je signe plus vite d'habitude mais je souffre d'une maladie chronique aux doigts et la danse a réveillé mes nerfs atrophiés...Seule l'eau glacée me soulage temporairement)
Interruption
Un feu ardent courant en ses veines et s'écharnant sur ses os, l'étrange langue des signes se coupe brutalement alors que le visage aux traits fins de l'être aux cheveux roux vire au rouge fiévreux l'espace d'une seconde. Les mains tremblotantes arrivent à retirer les mitaines de cuir avant de plonger dans la bassine au liquide refroidissant. Le moindre mouvement lui vole une grimace de douleur incurable sur sa frimousse incarnation de l'innocence. Impossible de continuer à signer dans cet état, aussi étrange soit sa manière de communiquer vu que ses capacités à oraliser semblent inexistantes.
Aide
Sans plus hésiter, l'oiseau au plumage bleu se détache de son épaule et vient piailler près de ses oreilles dans une sonorité enragée comme l'âme éprise de colère à l'idée que la maigre silhouette aux yeux violets ait vraisemblablement tiré sur la corde de ses limites. Hochant faiblement la tête, quelques gouttes de sueur perlant sur son front, l'une de ses mains se lève lentement pour se poser sur le crâne du volatile. Une douce lueur immaculée s'en échappe pour baigner autour du poitrail plumé aux teintes azurées. Replongeant aussitôt ses doigts endoloris dans le précieux liquide, seule la force bouillonnante de son regard d'améthyste indique le moindre signe de vie.
Mirage
Si l'ombre basanée ornée d'une coiffe indienne a pu ressentir au moins une fois au cours de son existence l'impression de perdre la raison, en voici une seconde occasion. L'espèce volante, ressemblant fortement à un moineau en dépit de la robe inhabituelle de son plumage, adresse un signe de tête poli en direction de la silhouette indienne comme parfaitement compréhensives des salutations humaines. Ouvrant légèrement le bec, une voix à la fois douce et autoritaire, s'en extirpe et vient résonner dans la chambre.
- Bien le bonjour, jeune gens....Je dispose temporairement de la parole grâce à la magie pour palier à la langue des signes défaillante et je comprends le japonnais. Mon nom est Hedwige, cinq de mes compagnons et compagnes m'accompagnent aujourd'hui pour assister l'être que vous voyez ici...Je lui avais pourtant dit de ne pas forcer sur ses doigts...Bref...Je vous présente Robin, avec le "e" prononcé à l'américaine...À qui avons-nous l’honneur ?
Complicité
Si les pupilles rondes noires de l'oiselle tient le défi de fixation avec l'être aux peintures corporelles, elle s'en détourne quelques instants pour jeter un regard partagé entre l'amusement et l'exaspération en direction de la silhouette rousse alors qu'elle lance, presque innocemment, ses reproches concernant son avertissement non écouté. Une grimace naît sur les lèvres délicates pareille à celle d'un enfant devant reconnaître son tord devant une bêtise provoquée par sa propre impertinence propre à son âge. Incapable de signer pour répliquer quoi que ce soit, ses yeux violets brillent de gêne et ses joues rougissent légèrement. Piaillant de plus belle, la dame moineau ressemble à un parent surprotecteur faisant la leçon à sa progéniture avant de perdre toute crédibilité devant la candeur de ses traits et de son sourire hésitant. Cessant net ses chants de réprimandes, la prénommée Hedwige craque littéralement devant la bouille enfantine aux mèches enflammées. Se réfugiant contre son cou, sa petite tête plumée caresse la peau bronzée en chantant de joie.
Mystère
S'il existe bien un mot pouvant définir le corps maigre aux mèches enflammées et aux grands yeux d'améthyste capables de noyer les regards osant s'y aventurer, c'est bien énigmatique. Bien des questions sans réponses se basent sur sa simple vue. Son être entier est comme un secret inaccessible tant son apparence joue sur l'hésitation et l'indécision. Si sa nationalité peut être largement différente du pays d'accueil, comme beaucoup de monde au sein de l'école, pourquoi utiliser de tels artifices quand un échange oral aurait pu suffire à se faire comprendre ? De plus, quelle maladie permanente peut invalider les phalanges au point d'en avoir les muscles raidis ? Il existe bien des pathologies mais elles sont souvent spécifiques à un certain âge, extrêmement rares au sein de la jeunesse. Enfin, quelle âme peut se vanter d'avoir su créer un tel lien de complicité avec un oiseau instinctivement sauvage au point de lui donner un nom et mériter des piaillements rageurs si la volatile en question estime que l'autre a dépassé les limites ? Bien trop peu. Pire encore, qui est capable de posséder l'orgueil de lui offrir, même temporairement, le don que les humains et humaines aimeraient entendre de leurs gueules et becs, à savoir la parole oralisée ?
Mixité
Le don même de son prénom sonne comme une farce aux yeux du destin. Au sein des pays anglophones terriens, et particulièrement aux Etats-Unis, le nom de "Robin" peut être attribué aussi bien à un homme qu'à une femme mais quels parents oseraient le confier à un enfant aussi peu conventionnel que l'être aux traits fins et à la peau halée ? Bien que son prénom sonne américain ou du moins anglophone, il est comme clairvoyant que son acte de naissance n'a pas été enregistré sur la terre de l'Oncle Sam alors pourquoi choisir un tel prénom sur des nations étrangères à cette culture ? Si l'ombre à la coiffe indienne peut douter de bien des choses, son instinct lui souffle que l'identité des iris d'améthyste n'est pas américaine et bien plus complexe que les stéréotypes pouvant venir à l'esprit.
Deux âmes, deux personnalités, deux cultures, deux différences, tout semble les opposer alors pourquoi leurs esprits hurlent que tout les rapproche ?
codage par LaxBilly.