Sayako tenait dans sa main un pain récupéré à la cafétéria. Elle aimait donner du pain aux oiseaux sauvages.
Avançant avec joie, la demoiselle de quinze ans était belle dans l'uniforme blazer brun et jupe mauve, cravate mauve et chemise blanche, mais Sayako ne comprenait pas pourquoi elle avait des regards en biais de garçons et filles certains admiratifs certains jaloux. Pour Sayako il n'y avait rien de beau en elle même pas son âme.


Pourtant Sayako était telle une poupée de porcelaine aussi fragile que gentille. Mais cela encore elle l’ignorait.


La jeune demoiselle de quinze ans émietta le pain dans ses mains, un petit moineau curieux approcha et voleta jusqu'à sa main. Il prit le bout de pain et repartit. Elle observa le petit oiseau repartir en piaillant. Bientôt, il revint avec plein de ses camarades moineaux réclamant en piaillant leur miette de pain. Sayako observait leur dos brun et leur petit bec pointu noir, ils papillonnaient en sifflotant, la jeune fille se demandait ce qu'ils pouvaient bien se raconter. Elle s'amusa à se l'imaginer:

Deux moineaux étaient assis non loin, plus trouillards que les autres. Les moineaux présent leur sifflaient sûrement: venez, ici, on mange bien ! Les encourageant à avancer vers le banquet de pain malgré leur peur. Bien sûr Sayako ne parlait pas le langage des animaux mais elle aimait rêver, imaginer.


C'était la quatrième année après l'incident on était en fin avril. La rentrée des classes avait eu lieu deux semaines avant dans cette école que Sayako chérie tant.

Les arbres étaient en fleurs. De belles grappes roses qui virevoltaient dans le vent. Sayako venait de prendre le repas du soir, elle était assise de l'autre côté du parc de l'Académie où se trouvent les terrains d'athlétisme près d'un arbre qu'elle aimait bien, il avait de longues branches tombantes la cachant un peu, on s'y sentait en sécurité.

Et depuis l'agression par son parrain, il y a quelques jours, et la découverte de son don de lévitation qui lui était encore non contrôlé, la jeune fille avait besoin de se sentir en sécurité plus que tout.
 

Elle sortit un livre de son sac et commença à lire « Alice au pays des merveilles » de Lewis Carroll, elle en était au passage où Alice parle avec le chat : «  "Mais je n'ai nulle envie d'aller chez les fous", fit remarquer Alice. "Oh ! vous ne sauriez faire autrement, dit le Chat : Ici, tout le monde est fou. Je suis fou. Vous êtes folle." "Comment savez-vous que je suis folle ?" demanda Alice. "Il faut croire que vous l'êtes, répondit le Chat ; sinon, vous ne seriez pas venue ici." »

Cela la ramena à ce qu'on lui avait si souvent dit : Tu souris trop , tu es folle, n'oublie pas que tu es différente ! Peut-être mais était ce vraiment un mal ? Ici beaucoup de monde étaient différents et pourtant la jeune demoiselle les trouvait tous géniaux !

Qu'est qui clochait dans sa « différence » à elle pour que cela soit mal ? Sayako ne le comprenait pas mais cela serrait douloureusement son cœur.

C'est alors que Sayako entendit un bruit de course, elle se leva et un garçon, un homme face à ses seulement 15 ans, aux cheveux verts avec un masque sombre courait. Il devait avoir 19 ou 20 ans, un bruit métallique accompagnait sa course.

Petite, Sayako se refermait et maugréait :  Non je veux être la plus forte ! En ce moment, maman est triste et la nourrice aussi, je veux être assez forte pour les faire sourire!  Voici ce qui disait Sayako, enfant, à présent ce serait plus : Non je veux être la plus forte ! Ma famille me déteste et ne sourit plus, je leur ajoute un poids car je suis mauvaise, cela doit les rendre triste, je veux être assez forte pour les faire sourire!

C'est pour cela qu'elle s'approcha du garçon et attendit qu'il fasse une pause pour aller lui demander : «  Tu cours bien ! Il y a des rumeurs sur toi qui te disent fort ! Apprends moi à être forte pour devenir gentille ! Mais pas à être une ninja juste à être forte, les ninjas cela finit toujours par mourir... »


Sayako lui sourit, un sourire chaleureux et beau dans le temps clément de cet fin avril en ce doux soir tombant.

Sayako fit la grimace maugréant : «  Je suis tout sauf une gentille fille. » avant de retrouver un sourire motivée : «  Mais je ferai tout pour l'être ! » Après tout il fallait être fort pour pouvoir chasser la tristesse. « Mais je veux bien renforcer mon corps, merci beaucoup, c'est un moyen d'être plus forte non ? » dit Sayako avec un grand sourire heureux. Elle posa son sac non loin du terrain d'athlétisme.


Et elle se mit à courir sur le terrain de sport, elle respirait mal si bien qu'elle s'essoufflait vite. Mais elle n’abandonna pas, elle fit une pause de quelques secondes puis reprit sa course. Son cœur tambourinait dans sa poitrine.Elle repensait à son père qui est mort près d'elle. Elle voulait être forte pour que jamais plus personne ne pousse son dernier souffle à ses cotés.


Elle accéléra la course. Elle pensa à son ami Kiji mort à douze ans à l'hôpital après avoir été blessé gravement par son frère aîné. Elle pensa à leur promesse : On va se faire une promesse quoi qu'il arrive tu souriras ! Alors elle ne pleura pas et se força à sourire accélérant l'allure.


Elle s'essouffla à nouveau et fit un arrêt pour reprendre son souffle. Ce n'était pas bien brillant mais au moins elle était motivée. Mais elle voyait bien qu'elle peinait si bien qu'elle s'approcha de Morgan et lui demanda : «  J'ai l'impression de m'essouffler vite il y a peut-être une façon de respirer pour être plus performant ? Tu pourrais m'apprendre s'il te plaît ? »


Être plus forte physiquement et mentalement était peut-être lié ? Sayako l'espérait et elle savait que si elle arrivait à mieux courir elle serait plus forte. Et alors son parrain lui pardonnerait peut-être et sa famille aussi. Car pour le moment Sayako ne se sentait pas forte. Elle souriait mais au fond elle était fragile comme un perce-neige en plein gel qui se bat pour faire revenir le printemps.


Cependant elle portait l'uniforme blazer brun et jupe mauve, cravate mauve et chemise blanche, avec les chaussures de l'uniforme en soit pas la plus adéquate des tenues pour courir. Ses baskets arc-en-ciel pour le sport manquaient terriblement à ses pieds douloureux en cet instant. Mais ils étaient restés dans sa chambre au pensionnat. Elle tentait d'ignorer ses pieds douloureux et attendait les conseils de son aîné Morgan en le fixant de ses grands yeux rouges/roses, ses cheveux noirs dansant dans le léger souffle du vent, ses joues de porcelaines étaient bien rouges d'avoir couru. Mais elle était motivée et prête encore à tout donner ! Et elle souriait Sayako, elle souriait malgré la malédiction, elle souriait toujours.

Sayako sourit à ce jeune homme et plia son bras aux muscles inexistants. «  Je ne suis pas encore très forte c'est vrai mais je vais tout faire pour l'être ! » Elle eut un air déterminé sur le visage : «  Un jour je serai assez forte pour enlever toute la tristesse ! »


Elle sembla réfléchir puis elle finit par demander : «  Comment trouver son rythme en sport ? » C'était une question sincère.


« Je vais aller me changer dans les vestiaires du club comme ça on pourra se mettre plus vite à l'entrainement ! » dit la jeune adolescente motivée. Elle se leva, dans les vestiaires elle trouva des baskets à sa taille qui trainaient et une tenue de jogging le bas lui allait le haut était un peu large et le tout était usé mais cela fera largement l'affaire !


Elle ressortit fin prête et répondit enfin à la question de Morgan : «  Appelle moi Sayako, Morgan-sempai ! » Elle s'inclina et dit : «  En te remerciant beaucoup de bien vouloir être mon sensei en course et autre pour devenir forte ! »

Sayako avait hâte de commencer ! Elle en trépignait sur place, elle ne se départissait pas de son beau sourire. Elle savait pour le prénom de Morgan en raison des rumeurs les nouvelles vont vite à l'école de Natsuyasumi.


Elle serait courageuse , Kiji avait été courageux jusqu'au bout et il avait été le seul à lui demander de sourire face à la mort sans trouver cela étrange, inquiétant ou fou ou insultant. Kiji était un vrai Ninja et Sayako en est très fière, elle en serait fière toute sa vie. Kiji avait été son ami et son confident, ils s'étaient entrainés ensemble à être forts. Kiji disait avoir raté mais l'adolescente le savait par sa bravoure et sa droiture il avait tout sauf échoué, il avait réussi avec brio l'examen des Ninjas même si il n'y a pas survécu.


A cause de ce frère qui le frappait, à cause de cette injustice qu'il traduisait en 'Mon frère m'entraine pour être un Ninja. ' Et Sayako y croyait. Et y croit encore bien que sachant la vérité , elle n'a jamais douté de la force de son ami Kiji.


Maintenant c'était à elle de devenir forte pour que sa famille et son parrain lui pardonnent son sourire face à la tristesse, lui accordent leur pardon pour ses yeux rouges et surtout puissent sourire eux aussi à nouveau.


« Je suis prête à commencer ! » annonça t'elle à Morgan toute heureuse tout sourire. Sourire était sa défense contre le malheur son arme pour le contrer et apporter la douceur. Sayako ne se croyait ni douce ni gentille et pourtant elle l'était.


Et ce profondément ancré en elle. Elle espérait très fort pouvoir trouver son rythme pour pouvoir, enfin selon la jeune adolescente qu'elle est, devenir meilleure. Pour elle c'était vraiment, essentiellement, ça l'important. Elle espérait très fort en l'entrainement de Morgan peut-être avec des attentes trop grandes au niveau de ses capacités mais aussi si douces, si pleine d'espoirs et de joie.