Une fois de plus, une adulte en qui elle avait placé sa confiance disparaissait. Lauren devait avoir été maudite entre temps, non ? Ce club où elle passait autant de temps auparavant lui devenait presque insupportable bien qu'elle s'y trouvait actuellement. Ce n’était pas de la faute des autres, de ses camarades, ni même de sa professeure et presque sauveuse, mais plus de la sienne. C’était du moins ce qu’elle pensait. Si les problèmes gravitent autour de vous, c’est que vous êtes le problème, n’est-ce pas ce que le proverbe dit ? Ou du moins, quelque chose du genre, de plus ou moins proche ?

Une déception familiale, amoureuse, une blessure physique et morale, et maintenant, une fois que ça semblait guérir un peu, un nouveau crève cœur s’abattait sur elle. Pourquoi s’attacher à des adultes si c’est pour que ces derniers disparaissent après leurs beaux discours ?! Le rythme cardiaque de la jeune femme semblait s'accélérer. La professeur Brown avait également disparue du jour au lendemain, ne laissant aucune trace ou indication. Comme Béryl. En soit, elle en avait totalement le droit, mais Lauren refusait de voir la chose en face. Tout ce dont elle se souvenait de leur dernière rencontre, quoique très mal, c'était qu'elle l'avait sauvé d'une très mauvaise fin de soirée. Puis, plus rien.

Comme un lion en cage, l'anormale cherchait à s'apaiser, calmer son cœur et sa douleur mais rien n'y faisait. Cette femme était la seule à qui elle avait confié ce qui lui était arrivé ces derniers temps. La seule en qui elle avait suffisament eut confiance pour le faire et voilà que tout était réduit à néant. Nerveusement, elle gratta la cicatrice de son bras, ne sentant absolument rien. Cette putain de soirée, à San Diego aurait pu se finir autrement que personne n'aurait vu la différence !

Le cœur plein de hargne, elle lança violement sa jambe contre le sac, laissant enfin la cicatrice rougit par le frottement. Même ça lui rappelait la professeure Brown, ce nom qu'elle prononçait avec une certaine amertume. Leur première rencontre avait été agréable, certes, Lauren avait fini au tapis mais avait appris pas mal de choses ! Elle avait également été arrêtée avant de se faire sérieusement mal que ce satané sac qui encaissait sa frustration, sa détresse et sa colère.

Tout ce qu'elle fit pendant environ sept minutes, presques inninterompues, ce fut ça. Lancer ses jambes ou ses poigts contre la toile en se moquant de la douleur de ses tibias, de la rougeur de ses phalanges.

Ici, elle pouvait crier, hurler comme elle le souhaitait, pleurer à loisir sans que personne ne la dérange avant un moment. C'est ce qu'elle faisait. Tout continuait de ressortir sans discontinuer.

Lauren criait, insultait ce pauvre sac avant de finalement s'arrêter brusquement.

Il fallait voir la réalité en face, la belle miss Brown lui manquait. Terriblement même, mais elle ne la reverrait sans doute jamais. Il fallait se faire une raison. Sa confiance avait été trahit de nouveau, c'était un fait indéniable mais...

Elle lui manquait.

Terriblement.

Lauren arrivait à mettre un mot sur ce qu'elle ressentait, pas tout mais une bonne partie. Tombant à genou, face à ce sac, elle ne cherchait plus à se retenir. Il fallait que ça sorte une bonne fois pour toute, et puis, elle était seule dans ce lieu. Les larmes coulaient à flots sur ces joues, larmes qu'elle ne cherchait pas à endiguer. La dernière fois qu'elle s'était lâchée de la sorte, c'était Aaron qui l'avait réconforté, prit ses coups et essuyé ses larmes. Il était désormais la seule personne à qui elle confiait sa confiance bien qu'il était toujours dans le coma.

Ses larmes tombaient sur les tatamis, ses poigts se serraient tandis que sa respiration devenait de nouveau rapide et saccadée. Elle parvint cependant à murmurer un simple :

"Pourquoi... ? "

Cette question traversait souvent son esprit. Béryl qui disparaissait, pourquoi ? Son frère dans le coma, pourquoi ? Sa sœur qui se rapprochait de leur père après cet acte, pourquoi ? L'homophobie de sa mère, pourquoi ? Et maintenant la disparition de la professeure Brown, qu'elle tenait en très haute estime et respect, pourquoi...? Avait-elle fait du mal aux autres dans une autre vie pour avoir tout ceci qui lui tombait dessus ? Aujourd'hui, Lauren faisait tout ce qu'elle pouvait pour aider les autres ! Combien de fois s'était-elle effacée pour venir en aide aux autres sans attendre de retour ?

Restant à genoux, les bras refermés vers sa poitrine, elle luttait contre ses pensées. Contre tout ce qui tentait de l'assaillir.

Il lui fallait une solution, n'importe quoi pour avoir la paix et ne pas laisser paraître sa faiblesse de nouveau.
Il fallait qu’elle fasse semblant. Au moins pour persuader les autres que tout allait bien de son côté ! Les gens ne feraient sans doute pas attention à cette lueur de colère et de tristesse qui luisait au fond de ses yeux. De toute manière, beaucoup ne le verrait pas à cause de ses épaisses lunettes de soleil.

Cela lui coûterait sans doute énormément et sa santé en pâtirait mais elle s'en foutait royalement. Personne ne pouvait l'aider, elle refusait l'aide de quiconque. À quoi bon offrir sa confiance, ça finit toujours pareil de toute manière.

C'était sa résolution.

Sa nouvelle résolution.

By Halloween