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L'archer céleste aux cheveux de feu
Robin Windrosen
Robin Windrosen
Sam 18 Aoû - 21:00
Par soucis d'équilibre vis-à-vis de mon personnage et de mes convictions, je préviens que cette fiche est rédigée en écriture inclusive, c'est à dire en incluant le masculin et le féminin. Pour aider à la compréhension, "iels" signifient "ils et elles" au pluriel et les points médians séparent les deux "genres" tout en les rendant visibles dans le texte. 



L'archer céleste aux cheveux de feu 71xb


Robin Windrosen


L'héritage de Lucifer coule en mes veines















• Identité

Nom : Robin Windrosen (Le prénom se prononce à l'anglophone, c'est-à-dire "Robin.e" puisque dans la langue américaine, c'est un prénom aussi bien masculin que féminin. Le nom de famille signifie "La rose des vents" en allemand et se prononce "Wind-Rozen". 
Âge : Seize années humaines mais des siècles d'existence au sein de son monde natal
Origine/nationalité : Le Paradis au dessus des cieux crétois 
Classe/poste : Première année de lycée
Section : Classe diurne
Année d'arrivée : Année I+3
Club : Club du tir à l'arc (Demande à en être le leader si possible)
Singularité :  Archer céleste androgyne

Bien qu'il en existe de très rares au sein du monde terrien, Robin est né.e androgyne, c'est-à-dire que son genre n'est pas visible à l’œil nu. Il est impossible de le genrer en tant qu'homme ou femme uniquement et ce qui se passe entre ses jambes ne regarde personne. Soupçonné d'être hermaphrodite, c'est-à-dire né.e avec deux organes sexuels visibles, Robin n'a jamais confirmé ou réfuté l'information puisque ce point impacte sa vie privée qu'il ne souhaite pas dévoiler de prime abord. Il est possible d’utiliser le masculin ou le féminin à son encontre mais il ne sera jamais vexé d'être confondu avec une femme ou un homme reconnue.e.s comme "cisgenres", autrement dit les personnes en accord avec leur genre de naissance.

Groupe : Monstres 
Pensionnaire : Oui
L'archer céleste aux cheveux de feu Ed10


• Physique


Si dans la plupart de légendes, les anges sont décrits comme des êtres blonds aux yeux bleus,  Robin en est l'excellent contraire ! Ses courtes mèches volettent au vent  dans un ensemble manquant de discipline. Les statistiques du monde humain disent qu'environ 1 % de la population terrienne est rousse alors n'en parlons pas au sein de l'univers céleste ! Ses cheveux rouges aux reflets rosés clairs ne passent pas inaperçus et il n'est pas rare que les regards se retournent à son passage. Seul et unique ange roux du Paradis, inutile de vous dire que son existence ne fut pas une partie de plaisir.

Sa peau bronzée recueille des lèvres fines et délicates toujours étirées en un doux sourire tandis que ses pupilles sont deux merveilles d'eaux violacées dans lesquels se noient volontiers bien des êtres partagés entre l'horreur et la fascination. Ce genre de teintes étant plus naturellement associée à l'Enfer, le jeune ange est convaincu que sa naissance est une malédiction d'où l'absence d'estime qu'il se porte.

De taille moyenne, environ 1m75, sa corpulence semble plus taillée pour l'agilité et la vitesse que pour la force brute. Pourtant, ses cinquante petits kilos ne l'empêchent pas de porter aisément son arc et de tirer ses flèches avec mille habiletés.
 
Sur le plan de la tenue vestimentaire,  Robin détonne de par son look à la fois simple et singulier. Son pantalon foncé cadre parfaitement avec sa chemise noire collant à ses muscles fins  comme pour mieux valoriser son regard pénétrant. Sa veste bleue sombre est ornée de fines chaines et cordes dorées. Au niveau des fermetures, le tissu est blanc tandis que ses emmanchures sont couleur de l'or autour de ses poignets. Un semblant de ceinture entoure sa taille en diagonale en portant de son épaule gauche comme pour les nobles de la Renaissance rangeant leurs épées et autres armes sur leurs hanches. Une fine chaîne d'or répartie sur deux longs filins tombent sur sa hanche gauche avec légèreté. Décidé.e à désormais assumer son androgynie, Robin s'habille toujours d'habits dits extravagants et ne sera que très rarement conforme à la tenue traditionnelle du "tee-shirt, jean et baskets". Bien sûr, il doit porter l'uniforme du lycée mais sur ses temps libres, il adhère totalement à son style vestimentaire.  

En tenue d'archer, l'adolescent se vêtit d'une chemise bleue au long plastron blanc doté de mini-fermoirs sombre tandis que le col remonte dans une douce blancheur. Une cape grise couvre ses épaules et son dos, maintenue par une broche en argent représentant une aile transpercée d'une flèche. Quant à son arc, il est recourbé dans une délicieuse couleur argentée tandis que le bâton où il maintient sa main est teinté de bleu. Deux formes semblables à des ailes l'entourent dans une arme à la fois esthétique et redoutable.

De par son intense activité d'archer, Robin porte des gants de cuir noir pour mieux protéger sa peau des possibles brûlures engendrées par des tirs réguliers. De jolies formes sont cousues au fil doré sur le dessus pour mieux apporter une touche d'esthétisme à une simple protection. Ils peuvent aussi être longs avec deux bracelets argentés greffés au tissu. 


• Caractère


Comment décrire simplement la douce personnalité d'un ange sans risquer de tomber dans les stéréotypes de religion ?

Véritable cœur d'or, l'adolescent roux n'hésitera pas à donner sa chemise aux personnes dans le besoin ou à apporter son aide quitte à parfois mettre sa vie en danger. Sa générosité pouvant confiner à de la naïveté, il donne une énorme partie de l'argent qu'il reçoit à des associations ou aux mendiant.e.s qu'il rencontre dans la rue. Bénévole au sein d'une association œuvrant pour aider les femmes et les enfants victimes de violences, il donne de son temps et de sa magie sans jamais perdre son grand sourire éclatant de bonté.

Loyal et protecteur, si vous avez la chance de réussir à conquérir son amitié, ne doutez jamais de sa fidélité à votre égard. Si un sourire permanent flotte sur ses lèvres rosées, il est plus difficile de lui arracher sa confiance, demeurant méfiant.e de par son passé ombrageux. Profondément lié à sa cousine, elle est tout pour lui et la défendra par dessus-tout surtout vis-à-vis des hommes contre lesquels elle souffre de phobie pathologique.

Comme le veut son prénom, il est un excellent archer, capable de viser toutes ses cibles dans une grande maîtrise. Si une flèche atterrit à moins d'un millimètre de vous, ce n'est pas qu'il a raté son coup mais il a volontairement dévié la trajectoire en signe d'avertissement. S'il le souhaite, son arme se plante droit dans l'obstacle comme s'il était capable de communiquer avec elle.

Danseur de grand talent, son corps gracieux dispose d'une infinie agilité égalant presque celle des plus grands contorsionnistes de ce vaste monde. Apprenant à danser depuis sa plus tendre enfance, il y excelle en autodidacte avec sa cousine, sa seule et unique partenaire privilégiée. Depuis quelques temps, il travaille sur les arts martiaux et son esprit céleste lui permet d'acquérir les mouvements plus rapidement que la moyenne, le temps humain étant différent de celui de son monde d'origine. Doué.e d'une immense patience, Robin est un.e travailleur.travailleuse acharné.e et perfectionniste, n'hésitant jamais à passer du temps sur quelque chose avant de réussir à le vaincre.

Créature modeste, il répugne à jouer la musique de la vantardise invétérée et ne prétendra jamais atteindre la perfection, ce genre de discours le ramenant bien trop à son douloureux passé. Au contraire, l'adolescent.e manque énormément de confiance en lui.elle à cause de son histoire et a besoin de sentir que diverses personnes ont foi en lui pour apprendre à se dépasser.

De par son apparence androgyne, il ne connait que trop bien les remarques acerbes et cruelles à son égard mais jamais il n'explosera de colère contre leurs colporteurs. Se contentant de sourire avec tendresse, il retourne littéralement leurs émotions contre eux sans que ses adversaires n'en prennent réellement conscience.

Incapable d'oralité et de saisir le moindre mot français et japonais, il suit des cours spécifiques au sein d'une classe de primo-arrivants réservée aux élèves étranger.e.s n'ayant pas encore acquis la langue. Si Robin maîtrise petit à petit l'écrit et maîtrise mieux la compréhension orale, parler lui est encore impossible, ses cordes vocales encore nouées de traumatismes.

Jeune ange, l'archer est doté d'une immense naïveté et candeur, ayant tendance à croire tout ce qu'on lui dit et à voir le bon en chaque personne rencontrée. Distrait et docile, il serait sans doute aisément manipulable pour les plus grands esprits tordus mais à condition de ne jamais le faire dévier de sa personnalité. N'espérez pas le contrôler en lui disant d'aller faire du mal à votre cible, ce genre de demandes irait à l'encontre de sa nature et il refusera de s'y plier.

Souvent considéré comme trop gentil, sa générosité peut se retourner contre lui au risque de le blesser, quand des gens qu'il a aidé ne le remercient pas ou le dénigrent par exemple.  Timide et manquant de confiance en lui, il ne se sent pas capable de franchir les portes d'un théâtre pour y remédier mais il fait d'énormes efforts de sociabilité au sein de sa classe et de son association. Le trou laissé par son passé en son cœur est béant si bien qu'il conserve une part de méfiance farouche envers les personnes l'approchant en dépit du doux sourire étirant ses lèvres. S'il demande le poste de leader du club de tir à l'arc, c'est parce qu'il a confiance en ses capacités dans ce qu'il adore et qu'il souhaite évoluer en tant que personne et non plus comme l'enfant meurtri qu'il a été. 

En fait, son comportement peut changer du tout au tout selon la situation. En compagnie de personnes de confiance et en particulier sa cousine, il est comme un enfant personnification de l'innocence et de la naïveté. Néanmoins s'il doit se servir de ses flèches, il devient un archer sérieux et parfaitement concentré sur sa tâche. Lorsqu'une mission lui est confiée, il fait tout pour la réaliser avec ardeur et s'il prend des cours d'arts martiaux auprès de la plus démoniaque professeure qu'il soit, c'est pour aussi se battre de loin qu'en combat rapproché. De par son talent d'archer, il excelle en attaques plus ou moins lointaines mais refusant de négliger le corps-à-corps, il s'y entraîne farouchement et sans protester en dépit des blessures engendrées par la vive puissance de sa protectrice.  


• Histoire et Singularité



Pouvoirs :


Flèches empathiques : Archer au talent exceptionnel, le principal don de Robin se concentre sur ses propres flèches. Pour en bénéficier, il doit préparer un philtre dont la composition est connue de lui seul et où la pointe de ses flèches doit tremper un bref instant pour en activer la magie. D'une immense dextérité, il a appris à attraper ses flèches, en tremper la pointe dans son onguent, bander son arc et à tirer en moins de trois secondes. Son carquois magique lui a été offert par sa marraine céleste, il apparaît et disparaît selon sa convenance et ne se vide jamais. 

Ses flèches dites empathiques ne blessent jamais physiquement sa cible, elles ne font que traverser les corps à la manière d'un possible fantôme et ses tirs sont invisibles. Seul lui peut voir ses flèches arriver droit sur la personne désignée. Les tirs empathiques ont le pouvoir de retourner illusoirement les actions des cibles contre elles-mêmes. Par exemple, un être torturant un autre va ressentir exactement les souffrances qu'il inflige à sa victime ! Il entend des insultes dans la rue ? La personne intolérante va littéralement ressentir une douleur psychologique le traverser et des mots empoisonnés lui envahir l'esprit. Une personne homophobe ou biphobe ne supporte pas les sexualités qu'elle juge "déviantes" ? Son esprit va alors se mettre dans la peau d'un.e individu.e concerné.e par ces problématiques et il va douloureusement comprendre combien son comportement est blessant, le subissant à son tour. Un homme n'hésite pas à violer sa compagne en dépit de ses "non" répétés ? Tout son être sera habité par la même douleur que celle infligée. Les cibles visées ne seront jamais blessées physiquement, elles ne font que ressentir les effets de leurs actes abominables à leur encontre afin qu'elles puissent comprendre le mal qu'elles n'hésitent pas à infliger et puissent se repentir. 

Les effets peuvent durer plus ou moins longtemps selon la situation et en fonction de la résistance des cibles à la souffrance physique et/ou psychologiques. Excellent archer,  Robin est aussi capable de lancer des flèches franchissant les distances de manière autonome. En mode "autoguidage", elles peuvent parcourir cent kilomètres au maximum mais ce genre de magie étant très puissante, cela n'est pas sans contraintes. En premier lieu, l'adolescent doit connaitre le nom précis de sa cible et cette manœuvre dévorant énormément son énergie, au point de parfois perdre connaissance, il se doit de se limiter à deux victimes par jour. De plus, l'effet empathique ne peut durer indéfiniment. En revanche, une même personne peut être torturée deux fois dans la même journée si l'archer en décide ainsi ou revenir sur elle le lendemain ou à un autre moment.

Étant encore mineur, la distance parcourue par ses flèches ne peut excéder une centaine de kilomètres ce qui est relativement une chance pour les dictateurs de la planète ! Sans quoi, il n'hésiterait à leur faire ressentir ce qu'ils osent infliger à leurs peuples et si la métamorphose de ses ailes est une souffrance à chaque fois, il a hâte que le processus se termine à l'âge adulte pour pouvoir se déplacer plus loin et enfin jouer les justiciers auprès des pires âmes de ce monde terrien.

En second effet pervers de son pouvoir, Robin bénéficie d'une empathie exceptionnelle à l'égard des autres. Si dans un rayon de cinquante mètres, une personne ressent de vives émotions comme de la rage, de la joie débordante ou une immense douleur, il va le ressentir et sa résistance physique s'en amoindrit en fonction de l'intensité des sentiments. Même si son innocence lui permet de ne pas toujours comprendre le sens des ressentis, il peut lui arriver de s'écrouler sous l'afflux de la souffrance. Encore jeune, il doit encore apprendre à maîtriser les conséquences de son pouvoir et à accroître sa résistance physique. 

S'il sombre dans l'inconscience en fonction de la puissance volée, il peut récupérer durant des heures, protégé par une immense bulle bouclier comme enfermé dans un cocon.  Si le sceau évite un assassinat ou de graves blessures, il ne pourra pas empêcher un enlèvement par exemple. 


Flèches calmantes : En cas de grand danger et dans l'unique but de sauver toute personne d'une mort imminente, agression ou autre, Robin peut tirer une flèche sur les mauvaises âmes et les inciter au calme durant quelques minutes. l'effet lui permet tout juste d'aller sauver la victime et l'éloigner du danger. Ses cibles se calment instantanément et paraissent décalées par rapport à la réalité comme plongées dans un monde psychédélique. Pour activer ce philtre, Robin doit non seulement tremper la pointe de ses flèches mais aussi établir un contact visuel avec les personnes visées. Ce pouvoir ne lui permet pas d'attaquer mais de se procurer une forme de défense temporaire afin de mettre la victime à l’abri plus souvent, il utilise ce don sur les hommes agressant physiquement ou verbalement des femmes dans la rue, il a trop souffert du harcèlement pour laisser ce genre de gestes passer sans encombres. Combien de fois a t-il souhaité que d'autres âmes interviennent alors que les coups, insultes et attaques tombaient en masse sur lui et sa cousine ?

Vol (don naturel) : En tant que jeune ange, Robin possède la capacité de déployer ses ailes dans l'atmosphère pour s'envoler et se déplacer plus rapidement que la moyenne des créatures lambda. Si sur le sol, les vampires et lycans sont extrêmement rapides, les êtres célestes sont les maîtres du ciel avec les dragons volants. Les ailes de Robin sont blanches au reflets roux violacés dans un subtil mélange de teintes à la fois froides et chatoyantes. Néanmoins, encore jeune, l'archer ne peut les étendre et replier à volonté sans en payer le prix. Commençant juste à pousser pour se terminer sur leur future taille adulte, ses ailes lui infligent une souffrance inimaginable à chaque transformation. Le processus est très long et procure une vive douleur aux anges juvéniles. Leurs corps en pleine croissance ne peut supporter une telle dose massive d'énergie si bien qu'il n'est pas rare que la métamorphose finisse par littéralement brûler les muscles et amène de la fièvre. En cas d'urgence, Robin est capable de s'envoler plus vite et d'outrepasser la douleur sur une poussée d'adrénaline mais il ne fera nul doute que son corps le lui fera payer tôt ou tard, il n'a pas encore la maturité physique pour supporter un tel traitement sans broncher. 

Premier chapitre : Tu porteras son nom, mon fils

En ce 24 août de la huitième lune de l'année céleste, deux cris résonnent en simultanée au sein des couloirs éclatants de blancs tandis que les pas s'agitent dans un brouhaha de panique. Les ordres sont lancés dans une volonté de vive rapidité tandis que le sang coule lentement entre les jambes à la peau de pêche.

Onze heures sonnent à l'horloge lorsque les premiers pleurs font écho au soupir de soulagement de la jeune maman. Le corps tout chaud emmailloté dans une couverture blanche est délicatement posé sur sa poitrine tandis que les minuscules poings se serrent tendrement.

Les premières félicitations ont à peine le temps d'éclater que la sonnerie d'urgence retentit une nouvelle fois en provenance de la chambre voisine. La souffrance claque en hurlements sous les encouragements du personnel hospitalier. Onze minutes se sont écoulées depuis le douzième coup de la pendule automatique lorsque les sanglots de nourrisson percent l'atmosphère.  

Les applaudissements se font entendre avec sincérité alors que les deux silhouettes masculines se tombent dans les bras en un tableau de bonheur. Leurs épouses viennent de donner naissances à leurs enfants respectifs alors que les liens du sang s'établissent en des louanges enthousiastes. Le frère aîné est papa d'une adorable petite fille tandis que sa sœur cadette vient d'accoucher d'un garçon, faisant de lui un père et un oncle dans la même journée ! Son beau-frère bénéficie d'un fils et d'une nièce alors que les heureuses mamans et tantes peuvent enfin bénéficier de repos.

Après les premières effusions, les fins bracelets sont attachés aux poignets des deux bébés. Le garçonnet prend le prénom de Robin, justicier légendaire de l'Angleterre médiévale reconnu comme invaincu au tir à l'arc tandis que sa cousine est nommée Syria, belle contrée africaine écrit à l'anglophone qu'ont visité les heureux parents.

Comme le veut la tradition céleste, une marraine ou un parrain est choisi pour veiller à l'enfant et assurer une suite à son éducation. Sous les conseils du roi lui-même, les deux couples demandent à l'ange gardienne Masha d'être la marraine de leur progéniture. Les cheveux blonds immaculés et les yeux d'un bleu profond, la sublime ange, aussi belle qu'intelligente et excellente magicienne, accepte avec plaisir comme pressentant son immense rôle dans la suite de la destinée de ses filleul.e.s. Elle est convaincue que leur naissance, à seulement onze minutes d'intervalles donnera lieu à un lien fusionnel surpuissant entre les deux bébés mais son cœur laisse aussi résonner une vive inquiétude pour leur destin. À leur baptême, elle se promet à elle-même de tout faire pour les protéger et d'entretenir leur solidarité l'un envers l'autre, pressentant ô combien leur destin sera chaotique.

Si les naissances sont fêtées en liesse au sein de la communauté des deux couples, les regards vont rapidement passer de la joie au désenchantement. Après quelques semaines de vie, les nourrissons célestes  ouvrent pour la première fois leurs yeux sur le monde. Stupeur et rage font trembler les chaumières en ce début d'automne angélique.

Une merveille d'eau violacée entoure les iris du petit garçon tandis que la fillette dévoile des pupilles sans couleurs aussi pures et transparentes que le diamant où les images du paysage alentour se reflètent à la perfection.

Si le Seigneur est tout-puissant et éternel, de mémoire d'ange personne n'a jamais vu de telles prunelles ! Les deux bébés en sont les seuls et uniques détenteurs comme porteurs d'une malédiction jamais recensée auparavant. La splendeur de l'horreur du Paradis augmente en puissance lorsque les cheveux des bébés commencent à pousser. Les mèches du premier sont aussi roux que l'incendie le plus vivace tandis que celles de la seconde sont de la teinte de la neige la plus pure. Des physiques atypiques que même les plus anciens anges n'aient jamais vu au cours de leur très longue existence : des êtres à la chevelure blonde ou châtain clair et ayant des iris bleus ou d'émeraude, oui bien sûr ! Il y en a partout ! Mais des anges roux ou enneigés aux prunelles violettes ou transparentes ? Jamais ! 

À coup sûr, le Diable a trempé son doigt maléfique quelque part dans l'affaire !

Deuxième chapitre : Tu seras diaboliquement cultivé, mon fils

Au royaume des cieux, les semaines et les mois s'écoulent sans que rien n'altère le physique unique d'horreur des deux enfants. Les cheveux roux ne cessent de s'enflammer tandis que les mèches s'éclaircissent de plus belle. À peine la marche acquise que l'ange gardienne Masha prend en main leur éducation, ayant même l'audace de demander au roi céleste et à obtenir leur retrait du système scolaire classique.
 
Le rythme de classes prodigué par leur marraine développe rapidement les capacités intellectuelles du duo candide. Rendus à l’âge où la plupart de leurs pairs commence à aller à l’école, eux savent déjà écrire, lire et compter avec une facilité étonnante. Dame Masha n’a de cesse de faire travailler leurs réflexions  si bien que rendu.e.s à trois années humaines, Syria et Robin savent déjà maîtriser une dizaine de langues sur le plan oral et écrit.

Sans jamais perdre le fil de leurs propos, iels sont capables de se lancer dans une conversation soutenue en anglais, italien, allemand, grec, russe, espagnol, mandarin et arabe. Mieux encore, la délicate ange leur a même enseigné le démon et le ska, langage commun entre les êtres de leur peuple et les habitants de l’Enfer crée pour se comprendre.  

Sous l’égide de la superbe femme, les enfants se découvrent une vive passion pour le chant. Leurs voix plus pures que le cristal percent l’atmosphère de magnificence infinie. Pour compléter le tout, leur danse se glisse au sein de leurs petits corps pour les faire se mouvoir avec mille grâces. Ce sont encore de touts petits enfants d’environ trois ans sur le plan terrien mais leurs possibilités intellectuelles semblent incommensurables, des génies à l’état pur.

Si au départ, les cordes vocales se taisent par pur respect envers la puissante ange gardienne, les premières ombres de la jalousie commencent à se jeter sur l’existence du duo pour les dévorer avec hargne. Les êtres chuchotent avec véhémence à leur passage, les regards se durcissent et les sourires s’effacent. Les plus audacieux tentent de se plaindre au roi de l’injustice de la situation du fait de l’enseignement privilégié octroyé par Masha mais le souverain les renvoie, ne pouvant obliger la femme déleste à se défaire de son rôle de marraine si elle a choisi de l’exercer ainsi.

Les mauvaises langues ne cessent de s’agiter, sifflant avec fureur envie et consternation. Comment un petit garçon roux aux yeux violets et une fillette toute immaculée peuvent-iels oser surpasser leurs propres enfants, parfaite représentation de la race céleste, sur le plan intellectuel ? Pour en rajouter, iels ont l’audace de mieux élever leurs voix en musique et de bouger leurs corps en rythme ! C’est à leur progéniture de bénéficier de tels talents et pas à ces impurs !

Sans jamais se douter de quoi que ce soit, le duo multiplie les pires provocations en souriant tendrement dans la rue tandis que leurs résultats scolaires sont en augmentation constante, que leurs voix de diamant distillent involontairement le poison de l’envie et que leurs membres se déploient avec grâce sous les yeux rageurs de leurs contemporains. Leur douce innocence augmente leur violent désir de leur arracher les yeux et le cœur : impossible que des enfants aussi impurs puissent se prétendre à la perfection de leur race ! Leur simple naissance est une erreur ! Jamais leurs enfants ne pourront s’amuser avec le cousin et la cousine, il pourrait suffire d’un contact pour que leur impureté détale en un transfert monstrueusement contagieux.


La bêtise et la jalousie s’immiscent dans tous les esprits à la manière d’une contamination de venin. Les prémices d’une explosion sans précédent attendent impatiemment le fait allant mettre le feu aux poudres et le destin charognard n’a pas à attendre longtemps avant de s’en délecter avec mille plaisirs sadiques. Lui, il le sait bien combien les anges sont envahis par le mauvais quoi que leur orgueil démesuré puisse en dire. Beaucoup méprisent les êtres humains mais ne sont-iels pas des modèles d’horreur primaire au fond ? La vertu n’est qu’une supposition qu’iels n’atteindront jamais en ressentant ce type d’émotions mais les anges ne sont pas à une contradiction près…

Troisième chapitre : Tu plongeras dans le mutisme, mon fils

Au sein de la maison de la petite Syria, les horreurs s’enchaînent en des cris interminables. Les mots empoisonnés volent à la manière de poignards aiguisés, le mépris et la haine à peine déguisés dans les voix furieuses des parents célestes. Leurs immenses ombres se projettent sur les murs en une sombre peinture tandis que blottie dans un coin de la pièce, les jambes repliées contre son torse, la fillette sanglote en silence, son ours en peluche serré dans ses bras frêles.

Le désastre pétarade en ce jour de fête où la maman du petit garçon fête son anniversaire. Les conversations s’amoncellent dans une tension des plus palpables et lors du dessert, le mot de trop est lancé à la manière d’une bombe. Personne ne se souvient de comment tout a commencé mais le couple céleste se déchire avec une infinie violence.  À table, l’enfant aux cheveux de neige pleure en silence et attrapé par une solidarité effrayante, le petit roux est à son tour dévoré par les larmes.

La porte claque en un son gravé dans les mémoires tandis que la silhouette de la femme s’esquisse en une fuite excédée bientôt rejointe par son prétendu compagnon. Sans hésiter, l’oncle et la tante hébergent leur nièce pour la nuit et lorsque le soleil revient prendre ses droits, ses draps sont trempés par ses sanglots.

La nouvelle éclate au sein de la communauté dans un brouhaha infernal tandis que le mot fatidique est sur toutes les lèvres : divorce ! De mémoire d’ange, personne n’a jamais assisté à un tel bouleversement ! Les rumeurs filent plus vite que les actes administratifs et lorsque la sentence est officiellement prononcée, il est déjà trop tard.

Les vipères humanoïdes se déchaînent en un concert de méchancetés vivaces : en quoi une séparation est-elle étonnante avec une enfant aussi maudite ayant osée naître ? Ses cheveux de neige et ses yeux transparents portent le Malin en elle, aucune autre explication possible ne peut se vanter d’exister ! Un être aussi impur ne peut amener que le malheur autour d’elle ! Elle porte tant de mauvais en son âme qu’elle a poussé ses parents à se haïr, eux qui s’aimaient tant avant sa venue au monde !

Désormais, iels doivent se la passer tel un paquet indésirable dans une garde alternée ! Regardez-là valdinguer entre trois jours chez sa mère, trois autres dans la demeure de son père et le dimanche avec son cousin ! Voyez comment elle est fière de sa malédiction, ne vous noyez pas dans ses larmes de crocodiles : elle sait qu’elle est coupable de tout !

Même son cousin est responsable ! Étant l’aîné du duo, il lui fallait empêcher la naissance de sa cousine ou pire souhait encore : le jour de leur venue au monde aurait du être celui de leur mort ! Ses cheveux roux et ses yeux violacés sont aussi maudits que ceux de la fillette ! Il a participé à la destruction du couple de son oncle et de sa tante, n’est-ce pas évident pour les esprits éduqués ? Bientôt, les bruits de couloir attrapent une ampleur démesurée tandis que tout est prétexte à se décharger sur le duo.

Un vase se brise par un coup de vent ? La faute leur en incombe naturellement. Une mauvaise récolte pullule sur un champ ? Iels ont frappé les propriétaires de paresse et de malédiction ! Un enfant se blesse à des kilomètres de là ? Il a croisé leur regard tôt ou tard !
 
Les insultes ne se cachent plus et explosent au grand jour. Les mots culpabilisants frappent leurs âmes de plein fouet Les sifflements de mépris et de fureur résonnent plus fortement dans le monde céleste au passage des deux enfants. Peu à peu, la lueur enfantine de leurs yeux violets et de diamant s’éteint dans une atroce agonie. Si leurs doigts s’agitent toujours pour l’écrit, leurs voix semblent sombrer dans l’oubli comme avalées par le profond désespoir.

Rongées par l’inquiétude, la marraine et la maman du petit garçon finissent par les emmener consulter des spécialistes en psychiatrie infantile sur Terre. Après une batterie d’examens et de séances où  le silence s’est prolongé, le diagnostic tombe sur les proches dévastées.

Ardemment touché.e.s par le harcèlement et la séparation, le duo est atteint de mutisme total comme seule réponse à un violent stress post traumatique. D’ordinaire, ce type de troubles disparaît seul après l’apport d’une aide psychologique mais le pessimisme des médecins est sans réserve : entraînées par leur mal-être, leurs cordes vocales se sont bloquées et aucun son n’est capable de les traverser à moins d’un miracle.


Croyez-vous que les anges puissent ressentir la moindre culpabilité ? Si vous préférez conserver une pointe d’optimisme, bien à vous mais la chute n’en sera que plus rude. 

Quatrième chapitre : Tu subiras le mépris, mon fils

Une carte d’optimisme est pourtant jouée sur la table du destin. En apprenant le mal dont souffrait leur fille et leur neveu, les parents de l’ange immaculée amorcent une réconciliation. S’efforçant de leur arracher un son avant de renoncer, comprenant qu’insister ne ferait que braquer les traumatismes engendrés, ils acceptent d’apprendre la langue des signes céleste enseignée par Masha à ses protégés.

Les doigts dansent désormais sous les yeux de la communauté entière pour pallier leur absence d’oralité. Une douce bulle magique les entoure en permanence pour s’ériger en traductrice des dessins étranges que leurs phalanges tracent à une vitesse ahurissante.
En dépit de la colère de ses pairs et des conseils malveillants, l’ange gardienne Masha continue de perpétrer son enseignement aux deux enfants. Si leurs capacités pour les langues orales ne peuvent plus être exploitées, leur talent pour l’écriture demeure aussi vivace. Leur marraine adapte ses cours à la langue des signes et les défend envers et contre tous.

Des flammes brûlantes de mépris et de haine s’allument dans les regards des adultes et des enfants du monde céleste. Les insultes pleuvent de plus belle, les coups viennent s’ajouter à ce jeu délirant du dédain et de la jalousie.

Les anges, peuple orgueilleux par excellence,  estiment que le choc psychologique aurait dû être vaincu malgré leur jeune âge ! Comment osent-iels imposer leur handicap au sein du monde parfait ? De si faibles êtres ne méritent pas leur place ici ! Iels sont forcément contaminé.e.s par l’ennemi ! Leur mutisme est une tare inacceptable ! Pire encore, iels ont l’audace de continuer d’exceller sur le plan scolaire alors que leur progéniture, valide, leur est supérieure !
 
Sans parler de leurs yeux maudits et leurs cheveux démoniaques ! Les poignards et les ciseaux étincellent parfois dans des embuscades vengeresses, quelques mèches tombent parfois et l’expédition aurait tournée plus d’une fois au bain de sang sans l’intervention in-extremis de Masha ou des parents du petit garçon.  

Les accusations fantasques s’accumulent de plus belle sur les enfants et il n’est pas rare que le roi reçoive des courriers anonymes demandant leur mise à mort simple et immédiate. Des créatures aussi impures ne peuvent compter parmi leur peuple parfait prétendent les missives sans même prendre conscience de leur propre contradiction à croire que le harcèlement et la haine apportent la perfection tant désirée.

Si l’ange gardienne Masha et les parents du petit roux les défendent avec ardeur contre la haine démesurée de tout un peuple, le couple séparé se laisse entrainer par l’embrigadement de mépris entourant leur fille. Il est tellement plus aisé de trouver un faux coupable que de se remettre en question dans l’échec de leur histoire. Comment l’expliquer autrement que par sa naissance ? Chacun accuse l’autre d’avoir libéré le Diable au sein de leur maison pour qu’il y dessine ses longs cheveux immaculés et ses yeux reflétant le monde ? Le mépris glisse aussi sur leur neveu, ce garçon si fusionnel avec la maudite ne peut être que la seconde partie du noyau diabolique engendré par le Malin !

Le moindre pas des enfants est vu comme une offense, analysé dans les moindres recoins pour leur trouver le moindre reproche inexistant. Le Paradis des cieux est devenu un pur Enfer aux yeux des trop jeunes victimes. Leurs cinq années humaines ne sont pas encore atteintes que leurs corps et leurs esprits sont marqués à jamais.


Est-il seulement possible que l’horreur amorcée ne soit que le commencement d’un cycle éternel duquel il est ardu d’échapper sans en payer le prix fort ? Le destin n’a de cesse de lancer les dés sur la table de jeu pour peindre une histoire personnification de la souffrance et de cauchemar. 

Cinquième chapitre : Tu pleureras pour elle, mon fils

Si ses cheveux roux et ses yeux violets sont une malédiction pour sa communauté, ce sont des attraits d’amour pour ses parents au cœur d’or. Si les mots empoisonnés les atteignent, le couple soudé y résiste sans fléchir, refusant d’abandonner leur fils et leur nièce à la haine pure de leurs pairs parmi lesquels il ne se reconnait plus.

Toutes les semaines, la fillette vient passer une journée au sein de leur maison mais peu après leur sixième anniversaire humain, la peau naturellement brûlé de son visage blêmit petit à petit. Ses yeux de diamants éteints par le harcèlement semblent vides, ses lèvres osent à peine s’étirer en un faible sourire comme de peur de se briser à chaque mouvement.
Divers stratagèmes sont organisés pour tenter de lui arracher le secret de son cœur mais même l’ange gardienne Masha échoue. Si les peintures de sa filleule déversent plus de teintes sombres qu’avant, les traits délicats de ses doigts sur le tableau ne changent pas et les analyses psychologiques ne fournissent aucune autre explication que la peur.

Les années s’écoulent avec une infinie lenteur sous le quotidien du harcèlement. Le couple vient régulièrement rendre hommage à leur roi en leur soumettant la requête de pouvoir vivre hors du Paradis avec leur fils et leur nièce, arguant de leurs vies détruites à chaque seconde. Pourtant, le souverain demeure obstiné et refuse en trouvant des excuses invraisemblables bien que son visage se colore de blanc à chacune de leur visite.

Bien que profondément amaigris par le harcèlement, les enfants atteignent miraculeusement leur dixième année terrienne bien que des siècles de cauchemar se soient déroulés au Paradis. Un soir, la sonnerie du téléphone résonne et sans qu’il ne sache pourquoi, le cœur du petit garçon roux se serre avec violences. Des larmes coulent sur ses joues sans qu’il n’en attrape la volonté. Alors que son père lui demande les raisons de tels sanglots, un hurlement d’horreur explose dans la maison.

Au bout du fil, la maman de la fillette à la chevelure de neige pleure alors que la panique gagne tous les cœurs. En revenant des commissions, la jeune créature céleste s’est retrouvée dans une demeure étonnement silencieuse. Bien trop, en fait. Si sa fille est incapable de s’exprimer oralement, elle l’entend toujours vaquer à ses tâches ou à ses loisirs. Le son de son prénom résonne en vain avant que la porte de la salle de bains ne s’ouvre sur un spectacle de terreur.

Le corps frêle est allongé sur le sol, les yeux clos, une lame ensanglantée gisant à ses côtés alors que l’un de ses poignets dessine l’explosion d’une veine. Contactant les secours, la mère se précipite sur son enfant et tente d’arrêter les saignements s’écoulant en un sombre tableau sur ses habits, des sanglots déchirant son visage. Ses yeux brouillés de larmes tombent alors sur le miroir barbouillé d’hémoglobine. Sur la vitre, des signes célestes sont tracés à même l’encre du sang.

« Tu m’as trahie… ». Les mots se tordent en un aveu d’horreur alors que le couple et leur fils retrouvent la maman angélique au sein des couloirs des urgences, celle-ci déjà accompagnée par Masha. La vérité se dessine dans toute sa splendide horreur alors que pour la première fois de sa vie, les yeux violets du jeune Robin luisent d’une colère mal contenue.

Entraînée par les langues empoisonnées de la communauté, leur mépris s’est retourné contre elle alors qu’elle aurait dû la protéger envers et contre tout ! Trois jours par semaine, elle l’accueillait chez elle que pour mieux l’accabler de corvées sans quasiment jamais lui parler si ce n’est pour lui aboyer des ordres et des reproches, lui donnant occasionnellement les restes de ses repas au gré de son humeur.

Au fil du temps, elle a bien remarqué l’étrange comportement de son ancien époux lorsqu’il venait chercher leur fille pour son tour de garde. Elle a bien vu le visage blanc de son enfant et sa terreur lorsque les pas de son père résonnaient dans l’allée mais n’est-il pas plus simple de fermer les yeux en niant l’évidence ?

Envahie par la peur à l’idée de l’affronter, elle lui a offert leur progéniture en sacrifice. Elle aurait voulu qu’elle lui parle de cette ombre menaçante dans sa chambre, de ces mains souillant son corps frêle et de cet intrus lui déchirant le bas-ventre. Le courage lui serait revenu au galop si elle avait imploré son aide mais sans jamais elle-même lui demander.
 
Les visages deviennent couleur de craie alors que les aveux tombent dans une peinture de lâcheté incommensurable. Serrant les poings, le jeune Robin laisse les larmes brûlantes lui ravager les joues alors que l’horreur dévaste ses pensées à jamais.

Sa tante savait ! Elle se doutait que son ex-mari abusait de leur fille mais elle n’a rien fait ! Elle a préféré la laisser sombrer dans sa souffrance en attendant une hypothétique confession avec quoi le courage aurait pu lui revenir ! S'il est compréhensible qu'elle éprouve de la peur à l'égard de son ex-mari violent avec elle, lui laisser leur enfant est pâture est monstrueusement lâche !

Dans des sanglots de mille remords, la maman explique qu'elle déversait son mal-être depuis des années au sein d'un petit carnet. En vaquant à ses tâches ménagères, la fillette a dû le faire renverser sur une page ouverte et ses yeux de diamant sont tombés sur son prénom. Quelques phrases ont surgi à son esprit détruit dans le symbole de cauchemar consenti.

La compréhension d'un prétendu "amour" des plus interdits lui saute au cœur. Ses caresses, ses gestes, ses mots, la douleur infligée à son bas-ventre : tout est mauvais et en aucun cas un secret à conserver ! N'est-elle pas une gentille petite fille qui aime son papa ?

Les poings du garçonnet roux se serrent de plus belle alors que ses pensées dérivent sur son oncle incestueux. Comment a t-il pu osé lui mentir et faire valoir l'argument des sentiments de tous les enfants envers leurs parents ? Harcelée au quotidien tout comme lui, elle ne demandait qu'amour et soutien, pas la trahison du corps et la lâcheté !

La voix brisée de sa tante résonne dans un amour maternel jamais montré, entraînée par la peur de son ancien époux et la pression de la communauté. Larmoyant qu'elle l'aime de tout son cœur, elle désespère de son pardon si jamais les bras osseux de la mort la délivre de son étreinte éternelle. Son ex belle-sœur pleure mais sa gorge est sèche alors qu'elle réplique vivement qu'il est trop facile de ressentir ce genre d'émotions après une tentative de suicide de son enfant alors qu'elle aurait pu lui éviter tout ce cauchemar !  

La jeune mère hoche la tête avec lenteur tandis que les derniers mots sont soufflés dans un aveu déchirant. Depuis le tout début de leur relation, son mari use de toutes les violences à son égard : physique, verbale, psychologique, sexuelles et économiques. Si en public, il semble charmant et affable, en privé il est un monstre d'égoïsme et de perversion. La dénigrant et la rabaissant à la moindre occasion, il se moque de son absence de consentement et abuse d'elle. Les coups pleuvent au sein de leur chambre tout comme les insultes.

Lorsqu'elle a réussi à le quitter, elle aurait voulu emmener leur enfant loin de lui mais en dépit de ses plaintes à la justice céleste, cette dernière lui accorde un droit de garde, ne se préoccupant pas des documents attestant la présence de traces de coup sur le corps de la jeune femme et de viols répétés. Complaisants à l'égard des hommes, les tribunaux semblent se targuer de protéger les pires bourreaux au détriment de leurs nombreuses victimes.  

La large silhouette du médecin se découpe au sein du couloir immaculé et sa voix cherche une source d'assurance et de complaisance alors qu'il annonce que si elle a perdu beaucoup de sang, la fillette est sauvée de justesse.
 
Robin se souviendra toute sa vie de cette chambre froide, des filins reliés au bras couverts de bleus de sa cousine ou de celui accroché à son nez pour lui apporter une aide respiratoire difficilement atteinte. Il n'oubliera jamais son corps affreusement maigre que révèle la frêle chemise de la clinique alors que désormais, il comprend qu'elle dissimulait ses cotes osseuses sous des tuniques amples. Il sera hanté à jamais par les hématomes se dessinant dans une affreuse couleur violette sur son ventre, son dos, ses bras et ses jambes. Les mots du médecin demeureront gravés pour l'éternité au sein de son âme : de nombreuses petites fractures ont été décelées sur quasiment tout le corps de l'enfant et il est miraculeux qu'elle ait pu tenir si longtemps sans laisser entrevoir sa souffrance physique.

Ses yeux violets se sont écarquillés si violemment à cet instant que sa marraine en a capté la terreur. En dépit de ses protestations, il est forcé de passer diverses radios et le diagnostic est sans appel : atteint du même mal que sa cousine, il est effroyable que les deux victimes aient pu s'acquitter de leur vie quotidienne sans jamais entrevoir la moindre trace de la douleur physique insoutenable.
  

Lui aussi est marqué physiquement par le harcèlement quotidien de ses pairs mais ses soupçons se portent à forte raison sur le père de sa cousine. Son visage brûle de larmes : comment la société a t-elle pu s'acharner sur eux et surtout sur elle à ce point ? Il est temps qu'elle le paye...

Sixième chapitre : Tu forgeras ton destin, mon fils

Comment a t-il pu croire que son peuple changerait ? À l'annonce même de l'arrestation de son oncle pour violences répétées et abus incestueux sur mineurs, elle s'est montrée plus monstrueuse que jamais. Il a juste voulu un peu corriger sa femme pour la remettre dans le droit chemin, voyons ! Elle n'avait qu'à pas contester son autorité de chef de famille ! Depuis quand une épouse doit se soustraire au désir de son homme ? Elle n'en a pas envie et alors ? C'est son rôle de se forcer pour les désirs masculins !

Quant à la sa gamine, elle est aussi mauvaise voire pire ! Elle a dû provoquer son pauvre papa pour qu'il lui cède au monde de la sexualité ! Comme s'il était évident qu'une enfant de six ans connaisse cet univers et veuille faire de telles immondices avec son père !

Les insultes et les coups pleuvent doublement sur le petit garçon comme pour payer l'absence temporaire de sa cousine, encore hospitalisée alors que bon nombre de ses pairs estiment que le peuple n'a pas à payer pour le séjour d'une faible gamine qui a cherché ses ennuis et qui est une menteuse ! Alors que les bleus reviennent hanter la surface de son corps, une idée germe en son esprit déchiré.

Comment a t-il pu avoir l'espoir que son monde profondément misogyne puisse se remettre en question et changer ? Depuis ce jour, le jeune Robin s'est promis de consacrer son existence à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Comme répugné d'appartenir au genre masculin, même son corps s'allie à son combat.

Enfin un peu réfléchie, la justice confie la douce Syria aux bons soins de son oncle et de sa tante. Pris dans les affres des débuts de la puberté, tout leur être se transforme petit à petit. Sur la première, les jambes et la taille s'affinent tandis que les seins s'affermissent en une poitrine généreuse. Sur le second, ses muscles se tracent dans la finesse tandis que les traits de son visage prennent une touche délicate et que ses cheveux roux poussent dans un éclat rougeoyant. Par dessus ses tuniques blanches, il commence à rajouter des vestes aux coupes dites excentriques dans un style androgyne lui seyant à la perfection.

Néanmoins, la convalescence de la fillette au sein de la maison de son cousin n'est pas de tout repos.  Les cauchemars sont récurrents et lorsqu'elle est éveillée, elle développe une phobie effroyable à l'égard des hommes. À l'exception de Robin, aucun ne peut l'approcher sans risquer une crise d'angoisse et de panique des plus impressionnantes. Nausées, tremblements, attaques cardiaques, respiration douloureuse et sanglots, tout se réunit pour la transformer en enfant à l'âme brisée.

Bien qu'elle n'a de cesse de se marteler que son oncle est digne de confiance, lui aussi est une victime du rejet phobique de sa nièce. Elle sait qu'il en souffre mais ne peut contrôler la terreur gagnant son corps entier s'il ose tenter d'effectuer une proximité indésirable.

Les rares sorties des enfants se métamorphosent inévitablement en cauchemar. Les anges ne se gênent plus pour les insulter et les rabaisser publiquement, devant leurs proches. Ces derniers ont beau les défendre, le harcèlement gagne en ampleur. Il n'est pas rare d'entendre diverses plaintes fantasques à leur encontre prétextant qu'iels portent malheur.

Tout le soutien se dirige vers le père incestueux, pauvre prétendue victime de sa fille diabolique qui n'a fait que le provoquer. Sa mère n'est pas mieux lotie, arguant qu'elle est une menteuse et que les accusations de violences sur son ex-mari sont fausses, que son rôle était de s'offrir à lui quand il le désirait et de ne pas le contrarier.

Un soir, peu après leurs douze ans terriens, après avoir entendu une fois de trop le mépris et la haine de diverses personnes à l'encontre de son look androgyne et que sa cousine ait subi une nouvelle attaque visant à lui arracher ses yeux de cristal, Robin file voir sa marraine. Ses doigts dansent rapidement pour signer son ardent désir de protéger Syria et de ne plus subir la cruauté gratuite de leur communauté.

Le regard bleu océan de l'ange gardienne s'allume d'une douce lueur de tristesse avant qu'elle ne hoche la tête avec compréhension. Se levant lentement, elle se dirige vers un coffre de bois posé dans un coin de son salon. L'ouvrant délicatement sous le regard interrogateur de son filleul, elle en sort un objet tout en finesse et en longueur accompagné d'une cape en soie couleur argent sans oublier un tas bien plié de divers tissu.

Déposant avec délicatesse le tout sur les genoux du préadolescent, celui-ci peut enfin examiner le contenu. Ses grands yeux violets s'écarquillent devant la beauté de la découverte. Un sublime arc et son carquois reposent en ses doigts fins tel un trésor inestimable. La branche supérieure et l'inférieure sont recourbées en une teinte argentée tandis que le corps représente deux ailes immaculées entourant un grip, l'endroit où un archer ou une archère tient son arme, bleuté. Noir avec une ligne de carreaux blancs sur le bas, le carquois contient déjà une quinzaine de flèches finement taillées.

Une longue chemise bleue au plastron blanc retenu par trois niveaux de fermoirs sombres est accompagné d'un robuste ceinture tandis qu'une délicate cape grise  tombe légèrement sur ses épaules. Une broche d'argent est taillée avec mille talents dans un dessin d'une aile traversée par une flèche. Des gants noirs aux attaches cendrés complètent la tenue.

Les prunelles mauves de l'enfant ne peuvent se détacher de l'ensemble, comme hypnotisées et ses doigts n'osent plus danser, bloqués dans la stupeur de leur maître roux. Perdu dans sa rêverie, il ne reprend contenance que lorsque la douce voix de Masha résonne doucement au sein du salon dans un murmure apaisant.

- Si je vous ai appris beaucoup à toi et Syria, je ne vous ai jamais parlé de ceci...Au sein de notre monde, il existe une légende...On dit que cet arc aurait été forgé par Lucifer lui-même, le premier déchu...Le jour de sa déchéance, il avait cet arc et avant de chuter dans les abîmes, il a juré que seul un cœur pur pourrait être son propriétaire pour faire justice et laver les cœurs les plus noirs...

Les prunelles prune brillent de surprise et les délicats sourcils se haussent en un dessin d'étonnement incrédule.Comme tous son peuple, il ne connait que trop bien le mythe de l'ange le plus parfait de la Création, le bel Lucifer. Sa déchéance est connue de tous et toutes tout comme sa métamorphose en Satan, premier démon de l'Histoire et fondateur des Enfers. En revanche, son esprit ne rappelle pas à sa mémoire le point d'un arc lui ayant appartenu. Sans se laisser décontenancée par le silence perplexe de son filleul, l'ange gardienne continue son récit mystique.

- Bien sûr, Lucifer était connu pour son grand sens de la justice si bien que les autorités ont pris cette prophétie au sérieux. Pendant des années, l'arc est resté enfermé au palais royal...Nombreuses sont les âmes à avoir tenté de s'en emparer. Penses-tu qu'une arme prétendument forgée par le premier ange déchu attirait les convoitises...Mais les pilleurs sont morts ou ont sombré dans la folie...Les rares survivants ont parlé d'une lueur violette émanant de l'arc avant de se diriger vers eux...

Se levant doucement, la délicate femme arpente silencieusement la pièce comme hésitante à débiter la suite de son histoire. San jamais baisser le regard, l'adolescent attend patiemment ses mots, son âme demeurant septique quant à ces informations.

- Au fil du temps, tout le monde a fini par oublier cette histoire...Les générations se succèdent et aujourd'hui, personne ne pourrait te dire si tout ceci a réellement existé. Pour ma part, je pense que l'arc est si vieux qu'on en a oublié son origine, Lucifer a pu la forger comme servir de réceptacle à l'origine de cette arme. En revanche, la prophétie existe réellement même si nous ignorions de qui elle vient concrètement tout comme certains pillards sont morts ou mystérieusement devenus fous. Mise sous verre au palais, personne ne pouvait s'en approcher...Le jour de ta naissance, une vive lueur en a éclaté pour se diriger droit vers la clinique. Dépêchée sur les lieux, je ne détectais rien d’anormal à l'exception d'une extraordinaire puissance millénaire que je ressentais sans trouver sa provenance...En te voyant, j'ai compris...

La douce voix s'éteint alors que le regard prune s'agrandit de plus belle. La respiration se coupe alors que le diable entraîne son cœur à manquer de franchir sa poitrine à chaque battement provoqué par les notes de son rythme infernal.

Comme indépendante de sa volonté, l'une de ses mains attrape le grip violet et une sensation de bien-être illumine aussitôt son âme. Une douce lueur dorée vient baigner autour de son corps tandis que ses doigts agrippent fermement l'arme. Une vive lumière éclate dans le salon et lorsque l'adolescent peut rouvrir les yeux, la tenue d'archer a disparu de ses genoux pour se greffer à même son corps, ses propres vêtements jetés au sol dans une négligence presque effrayante. Le regard incrédule, il est comme un enfant apeuré au milieu de la foule. Comme pour espérer lui offrir du réconfort, sa marraine ne cesse jamais de lui offrir son doux sourire sans jamais perdre le tendre éclat triste de ses iris, comme partagée à l'idée que son filleul grandisse.

- Sais-tu que c'est moi qui ai suggéré ton prénom à tes parents ? J'ai tout de suite compris que tu serais le justicier dont la légende parlait...Le roi a pu le constater en personne et depuis je gardais l'arc chez moi en prévision de ce jour..Tes flèches auront des vertus incroyables dont tu devras découvrir le secret...Sois un archer du cœur, Robin...

L'esprit en vrac et le cœur au bord des lèvres, le jeune garçon se lève pour quitter la maison tel un automate, le regard dans le vide. Ses pas résonnent à peine sur la plaine verdoyante et pour la première fois de son existence, les yeux hostiles se baissent à son passage. Quelques âmes tentent bien de l'approcher mais elles sont vivement stoppées dans leur élan comme impressionnées par la nouvel stature de l'adolescent. Une aura enflammée de volonté brûle les esprits habituellement audacieux des troupes harceleuses.

En rentrant chez lui, il monte directement à sa chambre sous les yeux remplis d'incompréhension de ses parents. Masha arrive peu après pour leur apporter son explication tandis que la jeune Syria est la seule et unique personne à pouvoir arracher des confidences de son cousin.


Robin, élu de la prophétie de Lucifer est né...
Robin Windrosen
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Robin Windrosen
Robin Windrosen
Sam 18 Aoû - 21:00
Septième chapitre : Tu rencontreras l'Enfer, mon fils

Depuis ce jour, l'adolescent s'acharne à percer le secret de son destin. Ses doigts fins maîtrisent instantanément l'arc mais il ne peut s'en servir sans la magie animant les flèches s'il en croit les propos de sa marraine.  

Il passe plus d'une nuit blanche à lire des grimoires et autres traités empruntés auprès de l'ange gardienne ou de la bibliothèque. Néanmoins, aucun ne fait mention de flèches magiques ou alors une demi-ligne disant combien détenir un tel pouvoir est puissant. Sa peau bronzée se creuse sous ses yeux épuisés tandis que son cœur lui chuchote qu'il n'existe qu'une seule personne pouvant détenir un livre aussi dangereux.

Le roi céleste...

Mais comment pénétrer en son palais et lire les pages interdites sans risquer la déchéance ou la mort ? Un événement malheureux lui apportera la réponse plus douloureusement que prévu.

Comme emplis de frustration à l'idée de ne pas l'avoir frappé le soir du retour de chez sa marraine, les groupes harceleurs reprennent de l'ampleur. Les coups et les insultes pleuvent en cascade sur sa cousine et lui dans un déchaînement incommensurable de violence.

Si son côté androgyne et son physique hors-norme lui sont crachés à la figure, la fillette subit le mépris de son apparence et surtout de son histoire avec son père. Traitée de menteuse ou de provocatrice à l'inceste, elle est rendue responsable des abus prétendument subis et qu'elle devrait être emprisonné à sa place. Bien sûr, leur langue des signes si laide leur est reprochée quand les troupes harceleuses sont fières de hurler leur haine à leur égard.

Le procès résonne en une parodie que trop réelle de la culture du viol où le public n'hésite pas à cracher leur mépris sur la victime et à encourager l'accusé jugé piégé dont la responsabilité est amoindrie par la prétendue culpabilité de sa fille. La pression est telle que même si les parents de l'adolescent, sa marraine Masha et l'ex-épouse défendent la fillette de tout leur cœur, le verdict populaire écume de rage quand le juge consent à condamner l'ange incestueux à une lourde peine en espérant donner une leçon.

Il ne faut pas longtemps pour que l'esprit déjà fragilisé de la jeune Syria n'explose en une seconde tentative de suicide. Son oncle la surprend dans leur salle de bains, une larme argentée à la main et des filets de sang couvrant son poignet. Emmenée d'urgences à la clinique, elle est gardée en chambre durant un moment, les médecins forcés de reconnaître, de fort mauvaise grâce, que deux tels gestes à son jeune âge n'étaient pas anodins et que l'enfant devait être aidée.

En dépit de leur diagnostic, les mauvaises langues harceleuses s'agitent dans un poison de haine et de mépris. Pourquoi soigner une telle créature maudite quand elle aurait enfin dû mourir ? Même le père du garçon roux en prend pour son grade, les siens lui reprochant amèrement d'avoir trouvé la fillette trop tôt l'empêchant d'accomplir sa funeste destinée. Les esprits les plus carnassiers sifflent même qu'il suffirait d'un peu plus pour que le garçonnet ne s'y tente à son tour en espérant ne pas se rater cette fois-ci.

Les nerfs à vifs de son filleul l'inquiétant, l'ange gardienne Masha demande expressément au roi céleste de l'accepter à son service quelques temps afin que les groupes harceleurs n'aient plus de pression sur lui et que leur incitation au suicide soit punie ! Si le souverain accepte en maugréant d'engager temporairement l'adolescent, l'idée de faire justice aux groupes de harcèlement s'écharnant sur les deux enfants ne semblent pas vouloir accéder à son cœur, sans doute craint-il une rébellion contre son trône s'il ose s'interposer à l'immense majorité.

À la clinique, sa cousine multiplie les mutilations, allant de la légère à la gravissime et tombe peu à peu dans l'anorexie mentale, son corps n'inscrivant qu'environ vingt huit kilos pour presque cent soixante centimètres. En état de dénutrition grave, sa santé est telle que le garçonnet est touché au lointain. S'il est écrit qu'il pèse douze kilos de plus qu'elle pour un taille de cinq centimètres supérieures, sa maigreur fait détourner les regards.

Silencieux et aussi discret que possible en dépit de ses cheveux flamboyants, le jeune ange sert respectueusement son dirigeant et obéit aux ordres sans broncher. Apprenant à être page et garçon d'écurie le jour, il se métamorphose en véritable guerrier espion la nuit. Sa fine silhouette se faufile dans les couloirs et sa corpulence lui permet de s'immiscer dans une fragile faille dans le mur où est relié un passage menant droit à la bibliothèque royale.

Durant des heures, ses yeux violets parcourent des pages où des signes incompréhensibles au commun des mortels s'amoncellent avec mille splendeurs. Les runes célestes traversent aussi facilement son esprit que celles tracées en lange ska, langue commune entre les anges et les démons ou celles gravées en mots infernaux. Il réprime un doux sourire en pensant que sans l'enseignement privilégié de sa marraine, jamais il n'aurait pu avoir accès à de telles connaissances. À l'école angélique, la langue démoniaque n'est certainement pas apprise et les élèves n'apprennent que les rudiments du ska, ne voulant surtout pas risquer de tenter les enfant à converser avec les sujets du Diable.

Des cernes violacées se dessinent sous ses paupières mais les camouflant habilement avec de la poudre destinée à prévenir les callosités des mains des archers et archères,   le jeune homme tient des mois à ce rythme, ne dormant que deux ou trois heures par nuit ou six au grand maximum quand son corps l'exige. Vaquant à ses occupations quotidiennes le jour, il profite de son travail au palais royal pour trouver divers ingrédients pour en tester l'utilité la nuit.

Une fin d'après-midi, alors qu'il s'occupe de prodiguer des soins aux chevaux royaux, de vives acclamations agitent la majestueuse demeure. Sous les ordres aboyés du serviteur principal du souverain, l'adolescent se dépêche de préparer la monture de ce dernier ainsi que la sienne à son grand étonnement. Depuis quand pouvait-il avoir le droit d'accompagner les expéditions du dirigeant ?

Néanmoins, ses interrogations restent en suspens alors qu'il grimpe sur son cheval sous ordre du roi avant de le suivre docilement au galop. Les sabots des animaux célestes résonnent à peine avant de s'arrêter sous le mouvement des rênes de leurs cavaliers. Les yeux violets de l'adolescent se posent sur le bâtiment blanc aux multiples fenêtres et un long frisson traverse son corps frêle.

L'établissement semble vide, comme désertique de toutes âmes en souffrances qu'il s'efforce pourtant de soigner chaque jour. Pourtant, quelque chose pareille à une vague noire s'échoue sur le paysage alors que le jeune Robins sent son cœur se serrer en un nœud infiniment douloureux. Ses doigts attrapent si fortement les rênes qu'ils en bleuissent alors que sa respiration est aspirée par le vide pour créer une bulle d'azote brûlante en ses petits poumons.

Une aura monstrueuse baigne autour de l'établissement en un tableau sombre dégoulinant d'une puissance infinie en pur contraste avec les visages blêmes des alentours. Une force incommensurable coule au sein de toutes les âmes présentes pour faire courir la peur sur leurs esprits célestes. Le ciel attrape une teinte ténébreuse tandis que la forme d'une rose noire se transperce en un dessin parfait.

Le symbole maudit...

Avant même d'apprendre à marcher, les enfants célestes sont conditionnés à reconnaître cette signature aux traits parfaits. Les adultes leur inculquent la peur et la prudence à ne jamais se frotter à ses épines machiavéliques.  

La fille du Malin, l'héritière de Satan, la Rose Noire des Enfers, l'enfante du Diable, la Reine démoniaque, la perfection meurtrière, bien des surnoms et des titres pour la définir sans jamais que son prénom n'ose franchir la barrière des lèvres apeurées.

Aussi belle que puissante, le sang a coulé entre ses doigts experts de guerrière infernale. Magie et arts martiaux s'entremêlent en ses combats dont aucune défaite n'a été recensée au fil des millénaires. Les légendes soufflent que seules deux personnes sont capables de lui tenir tête et une seule de la vaincre directement.  

Il est écrit qu'uniquement son père infernal, autrefois le parfait Lucifer ensuite déchu, est capable de remporter un combat contre Sa Majesté sa fille. Les deux rivaux connus sont son ancien entraîneur démoniaque et le roi de l'Enfer lui-même.

Les malheureux et malheureuses ayant croisé son chemin lors d'une bataille entre les deux royaumes ne sont plus là pour conter sa beauté légendaire. Les rares personnes ayant survécu y ont laissé une partie de leur raison si bien qu'à la moindre évocation échappées, elles virent à l'attaque de panique et hurlent à la démence.

Bien que considéré comme étant au dessus de tout son peuple, même le roi ne peut affirmer sa fierté devant elle. Les larges cicatrices sur son corps noueux témoignent de son impossibilité à lui souffler une victoire. Lui-même ignore si elle lui a laissé la vie sauve pour ne pas encore avoir réussi à écorcher mortellement tout son être ou par pure volonté de l'humilier en inscrivant sur sa peau les signes de sa faiblesse.

Face à une telle menace, le souverain n'ose envoyer aucun de ses sujets armés ou non à l'assaut du bâtiment. Tous les anges cloisonné.e.s à l'intérieur sont ses otages et il n'ignore pas que ses griffes démoniaques auront raison de leurs vies en à peine quelques secondes s'il a le culot d'intervenir.

Les réflexions du jeune garçon tournent rapidement à la manière d'une roue possédée alors que les flammes de la volonté luisent dangereusement en son regard d'eau violacée. Sa fine silhouette descend du cheval avant de se glisser vers le lointain sans que les yeux concentrés sur la clinique ne daignent le remarquer.

La peur délicieusement nouée à la détermination brûle en ses entrailles tandis que ses petites mains et ses jambes gracieuses s'accrochent habilement au mur extérieur à l'arrière du bâtiment. Le sang écorche douloureusement ses ongles et sa peau mate sans que la souffrance n'ait le pouvoir de déformer ses traits fins.

Escaladant avec hardiesse le rebord d'une fenêtre ouverte d'un étage, sa corpulence agile lui permet de sauter dans une chambre sans le moindre mal. Son regard prune croise celui d'un ange alité aux yeux écarquillés par la peur. Tout son corps tremble alors que ses lèvres sont comme bloquées sur un seul groupe de mots : "La rose noire...".

Hochant la tête, les iris mauves s'illuminent de plus belle tandis que l'adolescent secoue doucement les doigts. Sa tenue d'archer se greffe à sa peau en un instant alors que l'arc céleste tient solidement entre ses mains. Il ignore son utilité mais l'arme sonne comme rassurante entre ses doigts alors que son dos se couvre de son carquois rempli. Sortant de la pièce, il avance avec une brûlante résolution se mixant ardemment avec son âme symbole de pureté et d'innocence.

Ses pas déambulent dans les couloirs alors que les corps vivants sont glissés contre les murs comme pour espérer s'y enfoncer à jamais, leurs ongles griffant le papier peint dans un désespoir absolu. Sur son chemin, la terreur psalmodie les sons des surnoms infernaux s'échappant des visages blêmes.

Son regard violet attrape le spectacle dégoulinant d'horreur du cadavre couché sur le dos, les yeux grands ouverts dans une panique absolue, le torse lacéré e une odeur atroce de putréfaction rapide. Secouant la tête, le jeune garçon l'enjambe non sans lui adresser une dernière pensée pour son courage d'avoir voulu affronter la fille du Malin quitte à sacrifier son existence.

Lui-même doute de ses intentions réelles alors que ses pieds semblent savoir où le mener, son esprit pleurant de douleur pour sa cousine prisonnière de ces murs. Irrésistiblement attiré par l'aura violacée à la force monstrueuse, il s'y englobe dans un pur instinct combatif.
Les chiffres gravés sur la porte entrainement immédiatement le saut suicidaire de son cœur en un nœud de vive souffrance. La puissance infiniment démoniaque côtoie l'aura argentée de sa marraine alors que la voix aussi suave que le chant des oiseaux infernaux siffle un amusement face à la féroce volonté de la femme céleste.

- Essaye de me vaincre,  ange gardienne !

Un semblant de séisme secoue violemment l'hôpital alors que les deux corps bondissent l'un sur l'autre avec une grâce foudroyante. L'explosion des puissances diamétralement opposées repousse l'adolescent roux contre le mur de plâtre lui arrachant une plainte sourde.

L'hémoglobine se mêle à sa chevelure flamboyante alors que sa vue se brouille sous l'afflux de larmes incandescentes courant sur son visage bronzé. Il lui semble que chacun de ses muscles est plongé dans de l'acide alors qu'une douce lueur dorée entoure son arc.

Son rythme cardiaque s'accélère en une torture inavouable manquant de lui arracher la poitrine à chaque battement. Inspirations et expirations enflamment ses petits poumons tandis que les vagues de puissances monstrueuses le repoussent vivement contre son dossier improvisé. Son crâne est comme vrillé sous le tsunami de leurs auras lui prodiguant un mal inimaginable qu'il hurle silencieusement, ses lèvres ouvertes dans le mutisme du désespoir.  
Les bras tremblants, ses doigts se serrent sur son arc alors que ses muscles frêles réclament grâce et indulgence. Un sanglot meurt au coin de ses yeux prunes alors que le flou de sa vision semble dessiner une fine silhouette à l'entrée de la chambre. Ses phalanges relâchent la corde tendue et la flèche part dans un doux sifflement alors que son corps sombre dans l'inconscience.

Un gémissement silencieux au bord des lèvres et son crâne le lacérant avec mille violences, l'enfant reprend sa place au sein du monde éveillé. L'aura monstrueuse se glisse sur son estomac invisible à la manière d'un coup de poing alors que sa vue dessine la perfection.
Le corps plus gracieux qu'il n'oserait jamais en rêver, ses jambes fines sont exemptes de tout défauts alors que la poitrine généreuse se peint en un discret décolleté.

Une robe d'un violet très clair couvre sa silhouette symbole de perfection. De longs cheveux bleu noir de nuit encadrent le visage aux traits sublimes où aucune imperfection n'ose exister. Les lèvres délicatement rosées que bien des êtres rêvent de ne serait ce que frôler s'étirent en un doucereux sourire tandis que les yeux d'un doux violet engloutissent le garçon à l'y noyer.

Subjugué et incapable de détacher son regard du sien aussi démoniaque soit-il, le garçon entrouvre ses lippes en une fascination silencieuse. Comme ensorcelé par ses prunelles d'une merveille d'eau violacée presque similaires aux siennes, il attrape machinalement la flèche qu'elle lui tend dans un rictus moqueur.
 
Un long frisson traverse son corps alors que les doigts fins effleurent ses mèches ardentes et que les lèvres si envoûtantes s'arrêtent proches de ses oreilles pour murmurer quelques mots de sa voix aussi attrayante que la beauté fatale qu'elle personnifie dans toute sa splendeur.

- Les larmes et le sang d'anges possèdent bien des vertus, petit archer...Tu devrais y réfléchir, ne sait-on jamais...

Les doux yeux célestes  clignent rapidement et lorsque son esprit reprend contact avec la réalité, l'attractive silhouette a disparu, ne laissant que des sillons de peur et de pleurs sur son passage. Ses jambes tremblantes se relèvent pour pénétrer dans la chambre.

Assise sur le sol, l'ange gardienne Masha pose sur lui un regard emplit de mille tristesses alors que quelques perles ensanglantées gouttent sur son front en espérant tâcher d'impureté ses longs cheveux blonds. Aucun sentiment de rancune ne danse sur le cœur de l'adolescent, il sait qu'elle a fait son possible contre la fille de Satan mais l'expérience de cette dernière est légendée invaincue.

Les prunelles violettes se reflètent avec force contre les puissants miroirs des yeux de l'enfant aux cheveux de neige. Le diamant de ses iris luit de chagrin mais aucun regret n'y court en un désir provocateur. Sur son cou, le tatouage d'une délicate rose noir luit doucement avant de s'estomper comme avalé par sa peau brûlée par le soleil. Les doigts fins se lèvent et la danse n'en délivre qu'un seul mot.

"Pardon" résonne à travers l'esprit de l'adolescent alors que les sanglots courent sur ses joues dans un dessin de pur désespoir. Ses jambes cèdent sous ses tremblements alors que les larmes amères brûlent son visage.

Sa vue se brouille sous ses pleurs silencieux alors qu'autour de lui, l'hôpital reprend petit à petit vie sous les ordres du roi. Les personnes malades sont réintégrées en leurs chambres, des calmants sont administrés aux plus émotives et traumatisées tandis que le cadavre est rapidement emporté pour les bons soins des futures funérailles.

Le souverain céleste hausse doucement les sourcils à la vue de son jeune page roux au sein de la pièce mais n'émet aucune remontrance à son égard, préférant diriger son regard d'or sur la demoiselle aux mèches immaculées.

Choisissant ses mots avec soin sans jamais chercher à dissimuler la vérité, il énonce la sentence irrévocable pour sa trahison suprême. Ayant accepté de confier son âme en marché avec la reine de l'Enfer, elle est irrémédiablement condamnée à la déchéance et à la perte de ses ailes à moins qu'elle n'arrive à détruire son contrat passé avec la fille du Malin.

Magnanime sur son très jeune âge, le roi céleste lui propose de la garder à l'isolement jusqu'à ses seize ans humains et ses seuls contacts se limiteront à ses proches. Les yeux comme vides de tout espoir de vie, l'adolescente hoche lentement la tête, acceptant son sort sans ciller alors que son cousin est au bord du gouffre du désespoir.
 
À partir de ce jour, l'ange de cristal est enfermée en une chambre isolée du palais royal. Elle ne manque de rien si ce n'est de liberté et de contacts sociaux décents. Au quotidien, sa marraine Masha vient lui faire classe avec son cousin mais elle n'ignore pas les vagues de mépris parfois lancées par les serviteurs et servantes contre la porte de sa chambre à son encontre. Si elle reçoit plus volontiers sa tante et son oncle en visite, elle ne supporte toujours pas le contact masculin à l'exception du jeune archer roux.

Si les relations avec sa mère se sont améliorées, elles restent très tendues du fait de la trahison de la femme céleste à l'égard de sa fille qu'elle a préférée laisser souffrir que de l'aider. La fillette comprends bien la peur inspirée par son père à l'égard de son ex-épouse de par ses violences répétées , elle ne lui voue aucune rancune sur cette histoire mais peine à pardonner qu'elle se soit si facilement laisser entraînée par la haine de la communauté au point de la délaisser et lui vouer que du mépris en la recevant chez elle.

Si l'adolescent roux voit sa cousine quasiment tous les jours, sa condamnation crie à l'injustice en son cœur brûlant d'intégrité. Si la jeune femme a accepté de passer un marché, dont il est l'unique personne à connaitre les clauses exactes, avec l'enfant du Malin, ce n'est pas pour emmener malheur sur son peuple comme les langues venimeuses le sifflent allègrement.

Délaissée, haïe, méprisée, insultée, frappée et harcelée, elle s'est confiée par pur désespoir à la magnifique reine démoniaque. Comment pourrait-il lui en vouloir alors qu'il devine pertinemment que face à une telle visite, il aurait sans doute lui aussi cédé ?

Avant même son contrat avec la fille du Diable, l'adolescente est déjà accusée de porter malheur à son monde, le moindre problème lui étant inculquée même sans aucun rapport proche ou lointain. Une mauvaise récolte ? Bien sûr, les deux enfants sont responsables d'avoir amené la paresse et la calamité sur le propriétaire même si celui-ci leur est inconnu.

L'âme éprise de justice, Robin ne supporte que leurs bourreaux quotidiens demeurent parfaitement impunis et ne subissent aucune sentence en dépit de la connaissance du roi sur ces faits et des preuves médicales apportées. L'esprit brûlant d'égalité, savoir que celle qu'il adore par dessus tout paye le prix de son pur désespoir lui est insupportable.  Son souverain préfère déchoir la victime que de poser son autorité sur les coupables de crainte que son cher trône lui soit contesté.

Les propos de l'héritière de Satan remontent alors à sa mémoire. Des larmes et du sang célestes...qu'a t-il à perdre ? Il sait qu'en principes, il ne devrait pas suivre les dires de l'ennemie naturelle mais son instinct lui souffle de lui accorder sa confiance. Après tout, elle a sauvé la vie de la jeune fille, pénétrant en sa chambre au moment-même où la lame argentée, dissimulée il ne sait où, lacérait sa peau bronzée en un dessin de mutilation de vive souffrance.

Les sanglots courent sur ses joues à ce souvenir alors que ses mains attrapent les petits pots en terre contenant sa dernière expérience. Une larme tombe à l'intérieur de l'un d'eux et  dans un son de minuscule explosion, le liquide vire instantanément au violet sombre alors que son arc s'illumine soudainement. Un frisson traversant son corps, l'adolescent prend une paire de ciseaux et s'entaille très légèrement l'un de ses doigts. La goutte de sang perle dans la seconde mixture et le même phénomène se répète en une mixture teintée d'un bleu profond.
 
Des tremblements agitant son corps frêle, il y plonge délicatement la pointe de ses flèches et une agréable chaleur chatouille son âme dans un profond-bien-être alors que la puissance s'y glisse avec magnificence. Son arc dégage une douce lumière éclatante de magie alors que ses yeux violacés étincellent de mille volontés.

L'archer justicier céleste est né...

Huitième chapitre : Tu nous perdras, mon fils

L'effroyable pouvoir du temps se met à fondre impitoyablement sur ses victimes. L'adolescent a l'impression que seulement quelques heures se sont écoulées quand sonne le glas de ses seize années humaines. Une brise glaciale souffle sur la place du rassemblement alors que les trompettes signent un air de condamnation irréversible.

Ses oreilles ne perçoivent pas le son de la voix du souverain énonçant le verdict  devant la condamnée silencieuse. Son cœur n'attrape que les auras de mépris vibrantes au soleil comme acclamant fièrement la sentence qu'elles ont elles-mêmes provoquées de par le masque non dissimulé de leur haine au quotidien. Ses yeux ne se figent que sur la fine silhouette immaculée.

Son petit corps accueille les adieux émouvants de sa marraine, sa tante et même de son oncle dont elle accepte le contact pour une très rare fois. Les larmes brillent au coin de ses yeux sans jamais les lâcher avant de se tourner vers celui qu'elle adore par dessus tout.
Les sanglots viennent mourir au coin de leurs lèvres respectives alors que les deux enfants se jettent dans les bras l'un de l'autre en silence. Que le garçon aimerait que cette étreinte perdure dans l'éternité mais les mains houleuses des gardes royaux la brise en un instant, entraînant la fillette au bord d'un nuage.

Son corps bascule en arrière dans un hurlement silencieux, les larmes de l'adolescent roux comme dernière vision. Ses jambes le lâchant de désespoir, il s'écroule sur les genoux, le visage ravagé par les pleurs et le cœur détruit par la malveillance de son peuple. Aux sourires satisfaits, il aimerait planter ses flèches et retourner la souffrance qu'ils ont procuré contre eux pour ne plus jamais voir ce rictus d'hypocrisie nauséeuse.

Plongé dans le mutisme de base, même les doigts frêles du jeune homme s'éteignent tandis que ses yeux violets se vident de toute vie. Avançant à la manière d'un automate, il suit ses cours avec sa marraine, mange et dort sans jamais rien exprimer d'autres que le gouffre de son âme. Ses parents tentent bien d'illuminer des interactions avec leur fils mais son regard mauve ne brille plus et sa langue des signes est comme morte au bout de ses phalanges inactives.

Le cœur comme plongé dans de l'acide en permanence, il pleure tous les jours la perte de sa cousine bien aimée. Il la sait vivante quelque part sur Terre mais ne plus bénéficier de sa présence au quotidien le tue à petit feu. S'amaigrissant davantage au fil du temps, sa maigreur lui vaut de nouveaux coups et insultes de ses groupes de harceleurs jamais à court d'imagination pour l'user sous les reproches factices.
 
De petites cicatrices rougeoyantes commencent à orner ses bras en des dessins de mutilation désespérée sans même que ses parents aimants ne peuvent arrêter. Si bien sûr eux aussi adoraient leur nièce et pleurent sa déchéance, leur fils est infiniment plus touché. Né le même jour qu'elle et de onze minutes son aîné, elle est comme une sœur, un reflet dans le miroir ou une âme indissociable de la sienne. Elle lui a été arrachée, elle lui manque atrocement et rien ne comblera la torture de son cœur.

Un soir, alors que ses doigts courent sur la toile en une peinture sans aucun enthousiasme, des éclats de voix résonnent à ses oreilles dans une cacophonie exubérante. Ses phalanges se referment sur la poignée de la porte pour l'ouvrir en grand avant de se figer avec violences. Son regard s'écarquille en une douleur invivable  tandis que le souffle s'estompe de ses poumons en une brûlure vivace.

Une vive nausée remonte à sa gorge pour manquer de franchir la fine barrière de ses lèvres pendant que ses yeux luisent d'une mare ensanglantée s'étalant sur le sol en un tableau d'horreur. Le corps inanimé de son père est allongé à même le palier de la porte, son visage à jamais photographié en une expression d'épouvante saisissante de vérité et d'effroi.  

La lame d'argent frappe encore et encore la poitrine respirant à peine avant de se glacer en un dernier hurlement d'horreur. Les yeux d'émeraude suintant la folie furieuse semblent vouloir dévorer les iris violacées de l'adolescent. Un rire cruel et la voix puant la haine à l'état pur claquent entre les murs avant qu'une forte pression sur sa gorge n'oblige son corps à basculer en arrière.

Chaque tentative d'inspiration et d'expiration est une torture en ses poumons vides d'air alors que son visage vire au blême. Ses petits doigts tentent d'attraper les phalanges meurtrières mais la main sur son cou dégage une force irrésistible. Ses jambes se débattent dans le vide comme pour mieux souligner son regard se vidant de vie.

Un bruit sourd résonne et une immense bouffée d'air remplit soudainement son corps d'oxygène en une nourriture salvatrice. La haute silhouette s'écrase sur son torse frêle avant que sa vue brouillée ne récupère de ses facultés. L'intrus se dégage mollement pour que des bras chaleureux ne l'attrapent avec mille délicatesses.

Sans même en ressentir le contact, l'adolescent se laisse aller à son chagrin alors que la compréhension baigne en son esprit en un film d'horreur.  Les sanglots brûlent ses joues et ses lèvres s'entrouvrent dans un hurlement silencieux, ses poings frappant le sol en pur désespoir.

Aucun souvenir conscient ne s'imprime en ses pensées, ni l'agitation tournoyant autour de lui, ni les autorités célestes venues en compagnie du roi, ni les regards soudainement compatissants jetés dans sa direction, ni la voix larmoyante de sa tante. Une seule et unique scène tourne en continu au sein de son âme brisée.

Les draps blancs couvrant les corps baignant de sang, les yeux grands ouverts de ses parents dans une dernière scène de cauchemar, le regard vert fermé dans un excès de rage avant de suivre ses victimes dans un monde seulement connu des personnes défuntes.
 
Dehors, les chuchotements s'entassent à tout va, les murmures affolées racontent l'infamie de cette soirée sans y omettre une part de vérité pour une fois. Le père accusé d'inceste de la fillette de diamant a pu échapper à la surveillance des geôles royales pour venir exercer sa sombre vengeance sur sa jeune sœur et son ex beau-frère avant de tenter d'ôter la vie de son neveu roux. Seule l'intervention in-extremis de l'ange gardienne Masha, soudainement attrapée par son instinct la poussant à venir chez son filleul, a pu sauver l'enfant mais les blessures mortelles de son père et de sa mère ne laissent planer aucun doute.

"Orphelin" résonne en mille échos foudroyants au sein de son esprit alors que son visage bronzé est ravagé par les pleurs tout au long de la nuit. Il ignore combien de temps il est plongé dans ses sanglots et le vide de son cœur avant que sa marraine ne lui annonce avec précaution que les funérailles sont prêtes à être célébrées et que son oncle meurtrier a déjà été incinéré dans le plus grand secret pour que personne n'ait à demander à rendre hommage à un assassin.

L'oraison funèbre traverse son esprit sans qu'il n'en retienne un mot, profondément plongé dans ses pensées vides de toute joie. Ses yeux vides observent les cercueils brûler sans que ses doigts ne s'agitent. Des mains viennent soudainement attraper les siennes pour les serrer avec compassion, les condoléances suintant la puante sincérité dans les gorges.

Les prunelles violacées s'écarquillent soudainement et une vive lueur explose soudainement dans le cimetière alors que la tenue bleu sombre d'archer couvre le corps frêle de l'adolescent. Attrapant ses flèches avec dextérité, l'arc est à peine tendu que déjà elles filent en un doux sifflement sur la foule. Des cris s'échappent en un vivifiant mouvement de panique alors que les pointes traversent les corps sans la moindre douleur. Aucune ne rate sa cible improvisée et il ne suffit de quelques secondes pour instaurer un véritable massacre d'empathie.

Aucun bain de sang, non mais une mare de souffrances infligées retournées contre les bourreaux ! Eux qui ont tant méprisé et tant haï voient combien leur comportement est abject et offre une torture à l'âme. Que leurs corps ressentent les coups qu'iels ont pu infliger sans remords à leurs victimes ! Que leurs esprits s'empoisonnent de leurs propres insultes !

Les flèches filent encore avec une extraordinaire rapidité alors que les colères se muent en calme et que les rages se peignent en des larmes incontrôlables. Le regard violet croise celui bleuté du roi et l'arc s'abaisse en un soupir silencieux. Les lèvres royales s'entrouvrent en un discours de répression mais avant même qu'un mot ne soit prononcé, l'ange gardienne Masha le coupe avec véhémence, ses prunelles océan luisant d'une farouche détermination.

-Il suffit, Majesté !  Assez de punir les victimes ! Pendant des années, tous ces gens ont harcelé Syria et Robin en toutes impunités et vous fermiez les yeux sur l'évidence ! Tout était un prétexte à les frapper ou les insulter ! Et maintenant que mon filleul est orphelin, ces personnes ont soudainement de la compassion ? C'est une fois que la mort est venue frapper qu'elles se rendent compte de sa souffrance alors qu'elles y ont participé pendant des années et des années ?? C'est trop facile de jouer les hypocrites alors que ces gens n'ont pas bougé le petit doigt pour les aider, les enfonçant toujours un peu plus. Il faut qu'il y ait un assassinat pour que l'inceste et la violence du père de Syria soit enfin reconnus ? C'est répugnant de présenter ses sympathies à Robin alors que ces mêmes individu.e.s ont été des bourreaux ! Les flèches du petit ne blessent pas, elles ne font que faire ressentir aux gens touchés ce qu'ils ont eux-mêmes infligé comme douleurs dans le passé. Une forme légitime de légère vengeance après des siècles de harcèlement, ce n'est pas cher payé, ne croyez-vous pas ?

Le discours s'éteint avec la même passion que celle animée dans ses propos. Les yeux couleur ciel de Masha se posent sur la foule touchée par le talent d'excellence du jeune archer. Les regards se détournent alors que les visages rougissent d'une honte dévorante pour la première fois depuis bien des années. Les visages cramoisies se baissent vers le sol en une tentative de rédemption maladroite.

Le souverain céleste cille rapidement, d'abord trop éberlué par la véhémence d'une de ses fidèles conseillères et magicienne des plus puissantes du royaume. Secouant la tête comme pour s'extirper de ses pensées, il la hoche avec lenteur avant de fixer son attention sur le jeune ange à la chevelure flamboyante.

- Ta marraine a raison....Même s'il est sans doute trop tard pour que tu accordes le pardon, ce qui est tout à fait légitime, je tiens à m'excuser d'avoir laissé la situation s'envenimer en fermant les yeux par couardise . Je te promets que tous vos bourreaux seront punis d'une façon ou d'une autre...Quant à toi, tu peux me demander ce que tu veux, tu l'auras dans la mesure du possible.

- Je veux vivre avec Sisi sans être déchu...Je ne veux plus être dans un monde où je suis harcelé pour des faits aussi idiots que la couleur de mes cheveux ou de mes yeux !

Les mots implacables de la langue des signes célestes frappent tous les esprits avec stupeur à l'exception de la délicate femme céleste et de sa tante lui adressant un doux sourire. Le regard prune luit farouchement d'une volonté sans failles alors que les rares anges ayant osé relevé la tête la baissent aussitôt devant ses iris enflammées de détermination.

Pour la première fois de sa vie, le jeune homme s'exprime publiquement sur la souffrance qu'il endure au quotidien depuis des années et il n'offre que de la tristesse à ses bourreaux que pour seul présent. Le souffle coupé devant l'enfant roux soudainement devenu adulte en l'espace d'une seconde, le souverain angélique hoche lentement la tête en signe d'accord.

L'ange a parlé...

Neuvième chapitre : Tu la retrouveras, mon fils

Suite aux funérailles de deux anges assassinés, le dirigeant tient relativement bien ses promesses envers leur fils et leur amie Masha. Tout le peuple est sommé de s'excuser publiquement de ses actes de harcèlement, des peines plus ou moins lourdes de cachots sont donnés à divers adultes qui acceptent la sentence avec modestie, reconnaissant enfin leurs crimes pour la première fois depuis des siècles. Désireux de ne plus laisser de telles situations s'installer, le grand conseil royal instaure une loi sur le harcèlement portant désormais le nom des deux enfants en ayant été les victimes bien trop longtemps.

Certaines personnes tentent d'obtenir le pardon de l'adolescent en venant s'excuser en face à face mais elles n'obtiennent que des hochements de têtes, les blessures étant encore bien trop à vif au sein du cœur du jeune homme. Il peut pardonner mais jamais il n'oubliera, la souffrance ayant marquée son âme pour l'éternité à la manière d'un tatouage ineffaçable.  

Il faut encore près d'un mois en temps terrien pour que les souhaits du jeune archer soient enfin exaucés. Confié à sa tante en attendant, celle ci s'occupe de lui avec amour mais tout comme avec ses anciens groupes de harceleurs, son neveu n'oublie pas combien elle était impliquée malgré elle dans les trop nombreux maux de sa cousine en la laissant entre les griffes incestueuses de son ex-mari.

Un soir, sa marraine vient lui annoncer qu'après des semaines de recherches, elle a pu retrouver la trace de la sublime reine des Enfers et de la fillette. Venue en paix, elle a pu converser sérieusement avec la fille du Diable. Si elle refuse d'en rapporter les propos exacts, il semblerait qu'un marché ait été passé entre les deux femmes censées être naturellement ennemies. Pourtant, Masha avoue sincèrement qu'elle ne porte aucun ressentiment négatif à l'égard de l'enfant du Malin et que cette dernière en fait tout autant, une sorte de respect mutuel comme instauré entre elles.

Une délicate feuille de papier se matérialise entre les mains du jeune archer. D'une écriture serrée rédigée en langue céleste, la lettre l'invite à se joindre aux élèves de l'académie Natsuyasumi, établissement scolaire pour les êtres surnaturels où il pourra laisser épanouir ses dons. Situé au sein d'une autre dimension que celle dont il est originaire, l'établissement semble jouir d'un excellent prestige pour toutes les créatures où la magie s'est glissée.

Masha lui précise que sa cousine y est déjà inscrite avec un nom de famille d'emprunt pour que l'administration la reconnaisse légalement comme l'une de leurs étudiantes mais qu'il pourra en faire de même.

Sans perdre ses ailes naissantes, le jeune archer peut descendre du monde céleste pour s'installer au sein de cette école vantée par les mérites de sa marraine. Inscrit en première année de lycée, il se propose d'être le potentiel leader du club de tir à l'arc puisque ce sport typique compose son don et qu'il a besoin que des gensd placent leur confiance en lui pour ne plus être l'enfant meurtri d'autrefois. 

Officiellement mis sous la protection secrète de la fille du Diable avec la fillette de diamant, il s'en défend farouchement  et s’entraîne jour après jour à sa dextérité au tir à l'arc et à la préparation de ses philtres lui permettant de lancer des flèches connues sous le nom de convaincantes ou empathiques.

Roux aux yeux violets au style androgyne, Robin prend le nom de "Windrosen", les roses des vents en langue allemande, la figure représentant les quatre points cardinaux ou la direction des huit vents originels pour signifier son intention de ne plus jamais se perdre  comme autrefois. Au fond de son âme, il restera une victime mais s'il est moins touché que sa cousine concernant les phobies sociales, l'adolescent souhaite avant tout tenter de devenir plus fort.

La protéger à jamais...




• Derrière l'écran

• Pseudo : Robin ou Sisi. 
• Avatar : Suou Tsukasa - Ensemble Stars 
• Code Règlement : 
• Comment avez-vous connu le forum ? : En faisant une recherche sur les forums rpg de type académie magique
• Un petit mot ? : Je suis ravie de me trouver parmi vous

 


L'archer céleste aux cheveux de feu Clip_image002 Code Anéa - N-U
Robin Windrosen
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Lauren Black
Leader du club d'arts martiaux
Leader du club d'arts martiaux
Lauren Black
Dim 19 Aoû - 12:54
Coucou ! Bienvenue à toi ! 

Hmm... Le code est cassé, si tu veux, je te le répare pour qu'il n'y ai pas de déformation sur la page, si j'ai le temps, je te le fais maintenant et te le met ici  ^^

Voilà, en espérant que tu te plaises chez nous ! *offre des cookies*

Edit 1 : Le code règlement est complet en tout cas ^^
Edit 2 : Heu... J'ai un petit problème avec ta fiche, je ne peux pas du tout la poster à la suite, on me dis que la limite est dépassée :/ Je vais en parler avec Kentarô !
Lauren Black
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Robin Windrosen
Robin Windrosen
Dim 19 Aoû - 15:09
Bonjour, 

Merci beaucoup pour ton accueil. 

Pour le code, Kentaro m'a aidé hier soir car mes images se cassaient et il y avait toujours un truc foireux. 

Pour l'histoire, il m'a demandé de faire des résumés de chaque chapitre mais je ne peux pas garantir de vous donner un beau résultat. 

Je ne peux pas écrire ça aujourd'hui dans tous les cas, journée plage x). Je vois avec vous dans la semaine ^^
Robin Windrosen
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Invité
Invité
Anonymous
Lun 20 Aoû - 0:31
yo et bienvenue, bon courage pour ta fi- oh ! elle est super remplie XD en tout cas le perso semble intéressant, en espérant le croiser sur la cb ou au détours d'un rp
Invité
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Robin Windrosen
Robin Windrosen
Lun 20 Aoû - 7:06
Merci beaucoup de ton accueil ♥️

Et merci pour le compliment, ça fait douze ans que ce personnage traîne dans ma tête et c'est seulement cette année que je me suis décidée à faire une fiche complète x)

Pourquoi pas se croiser, c'est à voir =)
Robin Windrosen
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