C’était un matin comme un autre pour Gabriella, qui s’éveilla dans la chambre qu’elle partageait avec une camarade ; au début elle ne savait pas laquelle, car celle-ci était nocturne tandis que Gaby était diurne. Tous les jours, alors qu’elle allait dans la chambre pour dormir, sa camarade s’était déjà éclipsée pour mener sa vie de nuit. Pourtant elles avaient fini par se croiser, et Gabriella savait désormais qu’elle partageait la chambre avec Tenshi, surnommée « la Faucheuse ». Tenshi qui faisait également partie du club de Tir à l’Arc, tout comme elle. C’était donc la chambre de deux guerrières. Gabriella n’avait pas non plus un sommeil exceptionnel : encore inquiète d’être dans un lieu peu connu – l’Académie – elle ne dormait pas énormément la nuit, mais par phases. Son amie Hannah, logée comme elle à l’Académie, et nocturne également, venait souvent dans sa chambre tel un esprit ou un songe, et elles passaient du temps ensemble quand Gaby était éveillée.

Cette dernière réfléchissait car elle n’avait pas cours ce matin-là. Elle pourrait par exemple partir à la découverte de l’Académie, explorer les coins et recoins. A cette idée elle bondit hors du lit, et fut rapidement habillée ; elle enfila enfin sa veste – une veste d’homme bleu marine. S’asseyant à son bureau, elle commença à rédiger rapidement une note pour ses amies d’une chambre proche.

Skyri, Hannah,
Je compte explorer l’académie aujourd’hui. On peut se rejoindre à midi, dans le parc…


Mais elle s’interrompit brusquement en voyant soudain les feuilles posées à côté sur le bureau. Mon Dieu, où avait-elle la tête ? Elle avait du travail à rattraper. Froissant rapidement le mot, elle en écrivit un second pour dire où elle serait. Laissant le mot là où elle savait que ses amies le trouveraient, elle prit donc ce dont elle avait besoin pour travailler, mais également, ce dont elle pourrait avoir besoin si elle avait le temps d’explorer l’Académie après ses devoirs. Elle prit son sabre court et l’accrocha dans son dos – C’était un sabre que Skyri lui avait offert, et elle y tenait beaucoup, s’en séparant rarement. D’ailleurs, mieux vaut être prêt à tout quand on espère partir à l’aventure si on a le temps.  Elle emportait également de quoi manger dans son petit sac à dos. Après être sortie et avoir fermé derrière elle, Gaby se dirigea tranquillement vers la salle commune. Pour y aller, elle traversa les jardins du pensionnat.

Alexei s'étais levé a 8h30 du matin, et avait dessiné pendant une demie heure. Son projet actuel ? Un androïde parfaitement et en tout point semblable a un être humain, auto-améliorable et capable de se soigner tout seul. En somme, un humain de synthèse, mais avec un ordinateur dans le crâne. Et tout ceci sans moteurs et autres, ce n'est pas assez fiable ! Ben oui, un moteur, ça ne fait pas tourner une articulation dans plusieurs sens différents, et c'est trop volumineux par rapport a la force exercée, du moins a cette échelle. Autant dire que le défi technique allait être conséquent... Surtout que c'est pas comme si le matos qu'il possédait étais a la pointe. A vrai dire, il tenait plus de la boite a outils que du labo, son matériel. Mais voici donc notre fier ingénieur qui, envers et contre tout, dès 9h, fait un barouf pas possible en bricolant les bases de l'engin, au point d'être viré de la chambre par son colocataire. 

Contraint de sortir pour le sommeil des autres et sa sécurité, Alexei, bien refroidi, se dirige vers la salle commune d'un pas flegmatique, le début de prototype sous le bras, le nez en l'air, a respirer l'aube. Il arrive dans la salle commune, et malgré lui, se plonge dans ses devoirs. Il n'as rien de mieux a faire, de toute façon, puisque la suite du robot nécessite un petit passage par la salle secrète du club, ou une salle de sciences, bref n'importe où où il aurait deux trois outils manquants. 

Commençons par les maths, histoire de plier ça vite fait. 

Et ce fut fait. Il fit les maths, la physique, la technologie, l'histoire, le japonais... Et s'arrêta, la cervelle écrasée par ces dernières matières, sans avoir pu faire l'anglais. Pourquoi tout ne pouvait-il pas être logique, comme les maths qu'il appréciait tant et qui lui permettait de gagner un temps si précieux ? Enfin, bref, il plia ses affaires, et s'affala sur un coussin, les yeux dans le vague. 


Je hais le japonais... Qu'est ce qu'il m'as prit de vouloir faire mes études dans un pays avec une langue si compliquée ?


Il se laissait doucement bercer par le confort de la salle, du coussin, du petit oiseau qui gazouillait a l'extérieur, si bien qu'il remarqua a peine la nouvelle arrivée, venue des jardins du pensionnat. 

Cette matinée ne commençait pas de façon reposante. En traversant les jardins du pensionnat, Gabriella vit un élève qui venait  juste de tomber en courant, et qui se releva avec un genou ensanglanté. Elle se dépêcha d’aller auprès de lui pour l’aider. « Ça va ? » lui demanda-t-elle avec inquiétude.  «  Ho, ce n’est rien… » Marmonna le garçon. Mais elle passa tout de même un bras autours de lui pour le soutenir et l’aider à marcher. Il devait se demander pourquoi elle portait un sabre accroché dans son dos, mais il pouvait penser qu’elle se rendait au club d’arts martiaux ? Effectivement, ça n’aurait pas déplu à Gabriella d’y aller. Elle  fit un détour pour accompagner le blessé jusqu’à l’infirmerie, et une fois rassurée sur son sort, elle put quitter les lieux. Elle marchait en baissant les yeux, ses longs cheveux ondulés dansants dans son champ de vision, agités par une brise, alors qu’elle passait à nouveau par les jardins pour se rendre enfin à la salle commune. 

Il y a avait peu de lumière dans le couloir, l’ambiance incitait au calme, elle ne croisa personne d’autre. Poussant l’une des grandes portes de la salle commune, elle vit que celle-ci était presque déserte, hormis un garçon blond, qui semblait rêver, attablé devant ses devoirs. Passant la main sous la courroie de son petit sac à dos en cuir, Gabriella le regarda un instant en se mordillant les lèvres. Un peu pensive, elle se dit qu’elle n’allait pas le déranger pour le moment. Posant avec discrétion son sac sur une table proche de la cuisine attenante à la salle commune, elle passa dans cette pièce. Les lieux étaient bien rangés et organisés, elle n’eût aucun mal à trouver une bouilloire, ainsi qu’une petite théière et du thé noir au jasmin. Poussée par son sens de la convivialité, elle prépara du thé de son mieux pour plusieurs personnes – elle ne connaissait pas la manière de faire japonaise, cela ne faisait que peu de temps qu’elle était au japon, mais elle fit  aussi bien que possible. Après avoir versé l’eau brûlante dans la théière par-dessus le thé, et avoir disposé quelques tasses autours, elle revint dans la salle commune. Elle portait le thé sur un plateau de bois. Quelques pas la menèrent à la table équipée de couvertures chauffantes – le kokatsu - elle y déposa ce qu’elle portait, dans un bruit mat.

Gabriella n’était pas franchement timide. Elle hésita pourtant un instant, puis pris la décision et s’approcha avec sociabilité du garçon attablé à ses devoirs, s’arrêtant à un pas de lui. Elle remarqua une feuille portant un dessin complexe, non loin de lui ; le tracé attira son regard. Vaguement intimidée au moment de parler, elle remuait très légèrement, en jouant avec une de ses longues mèches de cheveux, enroulant autours de ses doigts ce qui formait presque une boucle.

- « J'ai fait du thé si vous voulez.»

Elle laissa aller la mèche de cheveux. C’était le matin et pourtant Gaby, ordinairement très volubile de bonne heure, n’avait pas particulièrement envie de parler. L’esprit un peu ailleurs, elle avait déjà envie de se replier sur elle-même, de se mettre dans un coin, et d’oublier tout le monde, de s’enfermer quelque part, dans un monde clos, avec son travail.

Oups:

Alexei n'étais pas vraiment attablé a ses devoirs. Il avait plutôt le nez dans le vague, écœuré par le travail, ou plutôt par la grande lassitude qui l'accable d'ordinaire quand ces exercices intellectuels ne sont pas de son goût. Il avait passé sa cervelle en mode off, et son regard dans le vague lui montrait actuellement le plafond. Il avait adressé un tout petit signe de main flasque a la nouvelle venue dans la salle, et n'avait même pas réagi quand elle étais revenue. Un vrai mollusque. Sur le table, ses devoirs, calligraphiées d'une main très peu experte, sinon brouillonne; et juste a côté, le plan du jour, qui s'étais un peu déroulé, écrit dans un alphabet cyrillique parfait avec des calculs d'une complexité incroyable sur le Blueprint

- « J'ai fait du thé si vous voulez.»


Hummm ? Une nouvelle donnée, un peu de changement dans son environnement ? Alex relève un peu la tête, un peu revitalisé, un partie de son attention de retour vers le monde extérieur. Il regarda d’abord vaguement, puis d'un œil plus affûté Gabriella, nota rapidement le jaune de son uniforme, et nota donc qu'il étais en présence d'une confrère espoir, vit aussi la légère intimidation sur le visage et dans le doigt enroulé dans les cheveux puis sourit d'un sourire mi-espiègle, mi rassurant et parla d'une voix douce légèrement grave (volontairement grave ?), tandis qu'il relève son corps et retient un bâillement:


- Avec plaisir ! Il réceptionne la tasse, et trempe les lèvres dans le liquide brûlant. Merci ! Je n'ais pas l'habitude d'avoir de la compagnie si tôt un samedi matin. Je n'ai pas le souvenir de vous avoir déjà vu. Je m’appelle Alexei Indamaninarmal, enchanté. Il tend une main ouverte vers Gabriella

Le jeune homme prit une tasse de thé sans se faire prier, ce qui mit du baume au cœur à Gabriella. Ainsi, elle ne s’était pas donnée du mal pour rien.

-«  Avec plaisir » dit il en buvant un peu de thé. « Merci ! Je n’ai pas l’habitude d’avoir de la compagnie si tôt un samedi matin. Je n’ai pas le souvenir de vous avoir déjà vu. Je m’appelle Alexei Indamaninarmal, enchanté.»

Il tendit une main à Gaby, elle serra celle-ci.

- « Je m’appelle Gabriella. Je ne vous ai jamais vu non plus, mais je vois que vous êtes en Espoir vous aussi. »

Le nom d’Alexei était compliqué et Gaby de son côté ne connaissait pas son propre nom de famille, le nom que son père aurait dû lui donner ; elle ignorait qui était celui-ci. C’est pourquoi elle ne donna pas son nom. Le sourire d’Alexei était agréable et sa voix légèrement grave était attendrissante bien que Gaby était trop jeune pour s’intéresser aux garçons, et d’ailleurs elle n’en avait jamais eu l’occasion en tant que guerrière. Seul le mot « enchanté » un peu formel, lui déplu. Cela lui rappelait le souvenir d'un jour où elle s'était beaucoup ennuyée, mais ce n’était pas grave, même si Gaby n’aimait pas cette formule que beaucoup de monde employait, dans l’ensemble Alexei était plutôt agréable dans sa façon de se présenter.

Gabriella s’approcha avec curiosité des devoirs, regardant les symboles complexes écrits sur le papier et le dessin élaboré.

- « Vous êtes un scientifique ? Vous me rappelez quelqu’un… Est-ce que vous-êtes ce que l’on appelle un surdoué ou un E.I.P comme on dit ? »

Hors RP: