La rentrée des nocturnes s’était assez bien passée, bien mieux que celle de l’année précédente. Les élèves s’étaient bien fait à l’Incident et s’acceptaient les uns les autres. C’était tout ce qu’elle souhaitait pour eux. Bon, il est vrai que certains ont encore beaucoup de mal avec leur pouvoir, leur apparence sans banaliseur ou leur camarade, tout simplement.
 
Sa journée, ou nuit, était terminée. Elle avait été relativement courte d’ailleurs… Mais bon ! Elle n’allait pas retourner chez elle maintenant ! Bien au contraire ! Profiter de la bibliothèque une heure ou deux pour trouver quelques ouvrages sur la musique ancienne. Après tout, cette académie avait sans doute tout un tas d’ouvrages, venant des quatre coins du monde ! Et si cela se trouvait, certains venaient de bien plus loin ! Cela serait relativement intéressant de voir ça… Allez, on se motive !
 
La professeur quitta rapidement sa salle une fois le couvercle rabattu sur le piano. Quelques élèves, encore présents dans les couloirs, la saluait d’un poli « Mevis-senseï » avant de passer leur chemin, ou reprenant simplement leurs activités, discutant avec leurs amis et camarades tandis que l’adulte marchait d’un pas rapide et assuré vers le paradis du livre, comme elle aime bien l’appeler.
 
Dès qu’elle fut sur place, Jess poussa doucement les portes, ne voulant en rien faire trop de bruit, ne voulant pas déranger les potentiels élèves qui s’y trouveraient. D’ailleurs, elle fut assez surprise du nombre de personnes qui se trouvait là. Elle n’aurait pas imaginé qu’autant d’élèves se retrouveraient ici ! Certes, la température extérieur en cette nuit d’avril ne les pousse pas à rester dehors mais cela reste tout de même une sacrée surprise pour cette adulte !
 
Jess chercha quelques longues minutes des ouvrages sur la musique mais… Comment dire ? Elle se sentait un peu perdu là. Tous ces livres, tous ces rayonnages… Comment trouver son bonheur dans tout ça ?! Elle soupira doucement, passant une heure supplémentaire à chercher mais ne trouvant pas. Son regard alla vers la porte. Peut être qu’elle pouvait sortir en mode discret ? Genre… Elle est venue, elle a vue et elle est repartie ? Non. Ce n’est pas vraiment son genre !
 
Cette fois, elle préféra demander de l’aide pour trouver ces ouvrages. Même si c’était  bien contraire à son caractère et à son tempérament. C’était soit ça, soit elle passait les 20 prochaines années à fouiller les livres et les rayons. Cette option, aussi bizarre que cela puisse paraître, ne l’enchantait guère.  C’est pour cette raison qu’elle s’approcha de la bibliothécaire, une nouvelle collègue de travail si elle avait tout bien comprit, avec un léger sourire, contrastant totalement avec son air blasé habituel.
 
-          Excusez-moi, mademoiselle… Duvent ? Pouvez-vous m’aider ?
 
Un accent français assez prononcé était audible, et cet accent, elle en était fière !

La professeur hocha doucement la tête lorsque Françoise approuva le fait qu'elle pouvait l'aider, mais qu'elle devait juste poser le gros, très gros, dictionnaire qu'elle. Avait dans les bras. Eh bien, qui aurait cru qu'être bibliothécaire faisait travailler les bras ? Peut être pas Jess qui avait plus eut l'habitude de se faire enguirlander par ces dernières. Oui... Elle était le genre d'élève à faire trop de bruit dans une bibliothèque, révisant ou lisant avec un peu de musique. Oui. Vous savez très bien ce que cela donnait, elle finissait par chanter à tu-tête, presque insconsiemment en frappant la cadence sur le sol.

Halala, que de souvenirs ! Parfois, elle se demande ce que cela ferait, d'être de nouveau jeune et totalement inconsciente de ce que serait la vie d'adulte...  Les enfants sont toujours très impatients de grandir, très impatients de devenir grands et de prendre leur indépendance, chose qu'elle comprenait parfaitement bien et qu'elle avait ressentit elle-même, tandis que les adultes, eux, regrettent de ne pas avoir assez profité. Regrettent d'avoir voulu, et d'avoir, grandit bien trop rapidement. C'est simple, en un seul clignement des yeux, ils étaient passés de l'enfant insouciant à l'adulte croulant sous les responsabilités. Magnifique invention que les responsabilités...

Rapidement rappelée à la réalité par sa collègue, Jess cligna rapidement des yeux, ayant presque oublié l'objet de sa venue ici.

- Eh bien... J'aimerai savoir s'il y a des livres sur la musique quelque part ici. C'est tellement grand que je me m'y retrouve pas ! Et si possible. Sur les grands compositeurs français !

Le voilà, le sujet de ses prochains cours ! Cela ne va pas plaire à tous ses élèves mais agrandir leur culture générale ne leur fera pas de mal ! La professeur renchérit presque aussitôt, ajustant sa cravate par la même occasion car cette dernière, faites un peu rapidement, avait légèrement glissée.

- Dites, cela vous dérange si nous nous tutoyons? Je trouve cela plus... Agréable. Après, si cela nous dérange, il n'y a aucun problème !

Un nouveau sourire, pas aussi large que celui de sa compatriote française mais presque venait d'apparaître sur son visage. Après, Jess comprendrait si Françoise refusait le tutoiement, tout le monde ne préférait pas tutoyer leurs collègues comme elle !

Le retour à la réalité de Jess fut accueillit par un léger rire. Mince, cela s’était autant vu ? Ou alors, son retour à la réalité avait était plus brutal que ce qu’elle avait imaginé ? C’était relativement possible, après tout. Mais bon, contrairement à certaines personnes, Jess ne se vexa pas, bien au contraire même ! Et puis, elle n’en voyait surtout pas l’utilité.
 
N’aimant pas se sentir inutile, la française cherchait en même temps. Après tout, elle avait demandé un coup de main et il était totalement contre sa façon de faire de laisser sa collègue chercher le sujet de son prochain cours toute seule ! La voilà donc en train de lire certaines côtes de livre, restant, cette fois, complètement attentive à Françoise. D’ailleurs, cette dernière semblait un peu étonnée, ou quelque chose du genre, lorsque Jessica lui demanda si elles pouvaient se tutoyer, lui avouant que les gens, en général, préférait le vouvoiement.
 
-          Baaaaah ! Lorsque c’est indispensable, je m’y plie, mais… C’est vraiment plus convivial. Pourquoi se mettre des barrières et laisser une certaine distance entre deux personnes ? Je ne vois pas l’utilité du vouvoiement entre collègue, surtout que nous sommes amenés à nous croiser relativement souvent ! Alors c’est avec grand plaisir que tu peux me tutoyer ! Tu peux même m’appeler Jess pour faire plus court !
 
Un simple diminutif. Et elle le préférait largement à son prénom complet. L’adulte ne sait pas vraiment pourquoi mais il y a quelque chose dans son prénom qui la chiffonne un peu… Peut être qu’il est trop long à son goût ? Ou peut être car elle préfère les diminutifs, cette possibilité n’est pas à exclure non plus.
 
Elle hocha doucement la tête, la remerciant. Cinq rayons environ donc… Elle était pourtant sûre d’avoir regardé là bas… A moins que cela ne soit de l’autre côté… ? Elle ne se repérait pas bien dans un endroit du genre…
 
Après quelques instants à la suivre et à regarder les bouquins, Françoise grimpa sur une échelle, attrapant un gros livre… Quelle idée de mettre des livres aussi gros aussi haut ? C’est dangereux pour aller les chercher ! Vous imaginez, un élève qui attrape ce genre de livre mais qui glisse ? Donc déjà, en plus de se faire mal à cause de la chute, il se ferait écraser à cause du livre !
 
…
…
…
 
La motarde dû s’empêcher de rire en imaginant la scène, se mordant assez fortement la lèvre pour y parvenir. Nah mais franchement ! Y’a rien de plus drôle que de voir quelqu’un tomber ! Oui, rire du malheur des autres ne se fait pas mais elle n’allait pas se gêner pour faire quelque chose que tout le monde fait ! Jess saisit le lourd ouvrage que lui tendait sa collègue.
 
-          C’est génial merci beaucoup ! Dis, j’ai cru comprendre que tu venais de France, toi aussi ! Tu viens d’où ?
 
Et voilà, la voilà partie pour faire connaissance.

La bibliothécaire descendit, glissa même, de l’échelle pour se retrouver au sol plus rapidement. Du moins, c’est comme ça que le voyait la professeur. Qui se fatigue encore à descendre les échelons un par un pour descendre d’une telle hauteur ? … Pas mal de monde, effectivement. Cette remarque intérieure n’avait donc aucune utilité. Cependant, un bruit assez étrange attira son attention. Avait-elle bien entendu ce qu’elle avait entendu ? Un bruit qu’elle ne s’attendait pas à entendre, pas dans ce genre de contexte du moins. Elle fronça doucement les sourcils en regardant rapidement sa collègue.
 
-          Tu ne t’es pas fait mal ?
 
Les deux commencèrent à parler du pays. Leur pays natal ! Ou au moins, leur pays de provenance… Wait, ça se dit ? Peut être, peut être pas. La parieuse ne savait pas vraiment et, à vrai dire, s’en moquait totalement ! Elle n’avait pas de problème à l’assumer d’ailleurs.
 
Françoise se mit à réfléchir, et à compter sur ses doigts combien de temps cela faisait qu’elle n’avait pas mis les pieds à Paris. Jess pencha légèrement la tête sur le côté, le regard interrogateur. Cela faisait si longtemps, qu’elle n’y avait pas été ? Ce n’était pas impossible mais elle ne devait pas être si vieille que ça, le calcule ne devrait pas être si long… Mais apparemment si.
 
Que… 124 ANS ?!
 
-          124 ans ?! Mais… Mais tu fais plus jeune que moi ! Tu as quel âge au juste ?!
 
Ses yeux étaient écarquillés, en grand. Attendez, mais comment était-ce possible ?! Les pensées de la parieuses commençaient à s’embrouiller. Sans déconner… Soit c’était une farce, soit c’était la vérité et elle était drôlement bien conservée pour son âge… Nah, mais c’est la première option, pas vrai ? Hein ? Elle chercha une once de plaisanterie dans le regard de sa collègue mais rien de tel ne transparaissait. Elle se racla doucement la gorge.
 
-          Pardon d’avoir demandé ça comme ça, sache que tu n’es pas obligée de me répondre à ce sujet ! C’est juste que… Je suis drôlement impressionnée quoi…
 
124 ans qu’elle n’avait pas vu le pays… La vision qu’elle devait avoir de la capitale devait être totalement différente de la sienne mais, dans le fond, c’était super intéressant ! Elle pouvait lui demander quelle était sa singularité, mais pas tout de suite, peut être que d’ici quelques minutes elle le ferait, c’était même sûr et certain mais elle se retenait pour le moment.

Sa collègue esquissa un léger rire avant de lui donner une réponse pour le moins… Inattendue, prenant Jess au dépourvue. Si… Bien sûr qu’elle le savait mais… Cela relevait du reflexe. Qui ne demanderait pas ça, en apprenant une chose pareille ? Même les personnes les mieux élevées auraient eu du mal. Certes, elles auraient peut être réussit à retenir cette question mais là… Cela lui avait échappé. Elle commença à bafouiller quelques mots incompréhensibles suite à cette remarque… Sans déconner… Jess agit comme une enfant qui vient de se faire gronder par une adulte alors qu’il ne s’agi que d’une remarque totalement justifiée ! Mais cela possède un petit côté amusant grâce à ce paradoxe : la personne semblant avoir la vingtaine, approchant de la trentaine même, qui se fait réprimander par une petite jeune, en apparence car lorsqu’elle apprit son âge, la musicienne tomba des nues.

415 ans ?! Alors qu’elle allait lui demander comment cela était possible, la jeune ( ?) femme prit les initiatives, lui expliquant rapidement.

- Le 17ème… Ca remonte à loin, en effet, tu as du en voir, des choses, depuis que tu es… comme tu es ?

La jeune femme, oui, jeune comparée à sa collègue regarda son bras rapidement, avec une certaine curiosité dans le regard. Elle la croyait, difficile de ne pas la croire en ayant connaissance de son âge. C’est d’ailleurs à cause de cette curiosité qu’elle toucha doucement son bras, ayant presque peur que ce dernier ne se brise suite à son touché. Bon, il en fallait sans doute pour la briser, et Jess n’avait clairement pas la force de le faire mais il s’agissait de la moindre des choses à faire ! Elle murmura doucement, n’en revenant toujours pas.

- Eh bah…

Son regard, autrefois blasé, brillait d’une toute autre expression en la regardant.

- J’imagine que c’est ça, ta singularité ?

Question rhétorique, à moins qu’elle n’ai eut un autre pouvoir hérité de sa résurrection ? Chose qui n’était clairement pas impossible après tout.

- C’était comment, la France du 17ème ? Je veux dire, niveau architecture, vie et tout ?

A vrai dire, la professeur se posait désormais tout un tas de question mais elle essayait de canaliser sa curiosité de peur que cela finisse par déranger la poupée… Enfin, sa collègue.

Jess était restée totalement calme durant tout le récit de sa collègue, imaginant sans grand problème la vie que les paysans vivaient, la vie qu’avaient les nobles et les bourgeois. C’était des choses qu’on survolait à peine dans les livres d’Histoire, ce programme devait remonter au collège, à la Seconde tout au plus ! Donc autant dire que cela remontait à relativement loin dans ses souvenirs ! Mais bon, avoir une personne de cette époque pour pouvoir en parler, c’est tout de même beaucoup plus intéressant que les pages d’un manuel d’histoire. Donc, en l’écoutant, c’était tout bénéf’ ! D’une, Jess pouvait s’informait, de deux, cela pouvait permettre à Françoise de se remémorer son vécut ! Donc, dans un sens, les deux femmes sont gagnantes !
 
Aaah… Le fameux château. Le château de Versailles. Ce dernier était toujours aussi beau, et il attirait un bon nombre de touriste chaque année. Après tout, il était super connu, ce château ! Dès que Françoise termina son récit, elle reprit la parole, demandant si elle pouvait lui poser une question, lui demandant comment Paris était désormais. Jess réfléchit quelques instants avant de sourire et de lui répondre.
 
-          Eh bien, c’est une très grosse ville désormais, il y a des immeubles partout, des entreprises, des grandes surfaces… C’est devenu très gris et presque triste en fonction des zones. C’est aussi super touristique, surtout à la tour Eiffel qui est toujours à la même place. Cette dernière, je crois que c’est ce qui attire le plus de monde à Paris.
 
La professeur lui parla longuement de la ville, de la vie que les habitants avaient désormais, annonçant que le périphérique était juste horrible à prendre à certaines heures… Toutes ces joyeusetés qu’elle n’avait pas connues à son époque. En plus de cela, elle parla quelques peu des divers parcs d’attractions qui aidaient à l’attractivité de la ville.
 
Néanmoins, expliquer ce qu’était devenue la ville était assez complexe pour la musicienne qui sortit son portable rapidement.
 
-          Je vais te montrer quelques photos, histoire que tu aies une meilleure vision de la ville !
 
Après avoir farfouillé quelques secondes dans les photos de son téléphone, la jeune femme trouva son bonheur, affichant une multitude de photo de la capitale. Certaines avaient été prises avec un grand soleil, d’autres sous la pluie mais toute avait un sujet commun : la capitale.

Jess ne s’était jamais spécialement intéressée à l’histoire des bâtiments, quels qu’ils soient, et parfois, elle le regrettait un peu. C’était une véritable tare que de tomber sur un passionné et ne pas être capable de tout bien comprendre à ce qu’il disait. Là, pour le coup, sa collègue venait de lui apprendre quelque chose, ce qui la fit légèrement sourire. Elle lui avoua même, non sans garder le petit sourire.
 
-          Eh bien… Tu viens de m’apprendre quelque chose sur la tour Eiffel !
 
Tandis que Françoise regardait les photos, Jess réfléchissait à comment lui montrer des photos de Paris, au 16^ème… C’était assez complexe selon elle. Il ne devait rester que quelques tableaux ou croquis mais rien d’aussi certain que ses photos. Après une nouvelle recherche, ses doutes furent confirmés. Il n’y avait que des croquis ou des dessins.
 
-          Ce n’est pas aussi bien que les livres par contre… Je pense qu’il y a bien plus à trouver dans ces derniers.
 
Son regard parcouru rapidement les allées de livres, pleines à craquer. On pouvait dire qu’elle était de l’ancienne école, à privilégier les recherches dans les livres plutôt que sur Internet. C’est plus agréable, et ça fait bien moins mal aux yeux ! C’est un peu pour cette raison qu’elle est venue ici. C’est vrai quoi ! Elle aurait très bien pu rentrer chez elle, allumer son ordinateur et faire sa recherche tranquillement, au calme et loin de l’académie, des élèves qui sont capables de venir leur demander s’ils avaient des devoirs pour la séance prochaine. C’était assez amusant une fois le moment passé. Sur le coup, cela ne l’était pas vraiment. C’était même plutôt casse-pied !
 
Oui, Jess restait tout de même humaine, elle avait ses failles, comme tout le monde et, parfois, elle avait besoin de calme et d’être loin de ses élèves. Un peu de vitesse lui faisait du bien !

 Les deux collègues cherchaient des livres pour essayer de trouver des images, ou autres choses du genre pour pouvoir voir à quoi ressemblait Paris au 16^ème siècle mais rien, une nouvelle fois, ne semblait vraiment pouvoir les aider. Jess était presque déçue en voyant que leur recherches n’avaient pas porté leur fruit. Qu’elles aient été faites sur internet via son portable, soit dans des livres. Jess fit quelques peu la moue, un peu comme une enfant avant que ses épaules ne s’affaissent légèrement. Elle fit un léger mouvement de la main en entendant les excuses de sa collègue.
 
-          Bah, c’est juste dommage de ne pas avoir de truc un peu plus… Concrets pour que tu puisses bien comparer la ville à ses deux époques différentes !
 
Par acquis de conscience, et aussi avec le mince espoir que cela servirait à quelque chose, Jessica attrapa un autre ouvrage, manquant de le faire tomber sur ses pieds. Eh bah, elle avait eut de la chance sur ce coup là, la jeune prof !
 
-          On trouvera sans doute quelques choses… Peut être ?
 
Le bruit des pages qui se tournaient avait ce petit quelque chose d’agréable à entendre, ce qui aidait aussi la professeur à réfléchir à une solution quelconque. Son esprit fonctionnait rapidement, si elle avait été une machine, de la fumée aurait pu sortir de ses oreilles ou de son crâne, ce qui aurait pu être assez amusant.
 
Après quelques secondes supplémentaires à bloquer devant un croquis sans vraiment le voir, la femme ouvrit grand les yeux avec un large sourire.
 
-          Ce qu’il nous faudrait, c’est quelqu’un capable de voyager dans le temps pour l’envoyer prendre des photos !
 
Après tout, l’académie était une véritable mine d’or concernant les pouvoirs, il n’était donc pas insensé de penser qu’une personne avec une telle capacité pouvait s’y trouver ! Elle n’espérait qu’une seule chose : que cela ne soit pas un élève qui détienne ce pouvoir.

 Les deux avaient continué de chercher un petit moment mais c’était inutile, aucune des deux ne semblaient avoir de chance dans ces recherches. C’était vraiment dommage mais elles n’y pouvaient strictement rien. Après tout, la vie est ainsi. Jess laissa un petit soupire lui échapper tandis qu’elle referma le livre.
 
Françoise lui exposa ses arguments, et Jess était plutôt d’accord avec cette dernière. Trouver une personne dans l’académie qui le voudrait serait presque une mission impossible ! Et s’il s’agissait d’un élève, aucunes des deux adultes ne prendraient le risque de les envoyer dans une autre époque, quitte à les perdre. Vous imaginez, l’excuse à sortir aux parents : « Désolée, votre enfants était capable de voyager dans le temps et il s’est retrouvé au Paris du XVIème siècle et n’a pas pu en revenir. Nous sommes terriblement désolés. » Avec ça, l’académie se retrouverait avec de gros problèmes, un procès aux fesses et les autorités qui vont avec ! Les enfants seraient renvoyés dans leur famille… Et pour certains, retourner chez eux signeraient le début de la déchéance. Une arrivée en Enfer.
 
-          Tu n’as pas tord… Bon ! Je vais emprunter le livre sur les compositeurs. Je peux le garder combien de temps maximum ?
 
D’un pas assuré mais pas trop rapide, Jess retourna à l’entrée de la bibliothèque, ayant tout de même prit le temps de ranger les ouvrages qu’elles avaient toutes les deux fouillé de fond en comble ! Au moins, elle pourrait préparer des examens avec cet ouvrage dès qu’elle aura fait son cours sur le sujet !
 
-          En tout cas, merci beaucoup et encore désolée pour ne pas avoir pu te montrer des images du Paris de ton époque.
 
Oui, elle se permettait de dire « ton époque » car les deux ne venaient pas de la même ! Ce n’est pas comme ces enfants qui demandent à leurs parents « y’avait des dinosaures à ton époques ? » C’est assez amusant à entendre mais peut être pas lorsque la question nous est adressée. Bon, à se niveau là, elle a encore un peu de temps. Quoique, la jeune n’a pas spécialement envie de se caser.

Ouais ! La nouvelle professeur pouvait garder le livre aussi longtemps qu’elle le souhaitait ! C’était quelque chose de plutôt positif ! Au moins, elle pouvait le garder pour bien travailler dessus et avec, préparant des cours pour les deux prochaines à venir. Elle allait, et espérait en fait, trouver plein d’information relative à cette époque qu’elle n’avait pas eu la chance de connaitre, qu’elle ne connaitrait jamais, pour en faire un cours construit. Il y en aurait pour tous les goûts ! Un peu d’histoire de la musique, un peu de compositeurs et… quelques musiques qu’ils ont composée !
 
-          Ne t’inquiète pas, j’en prendrai grand soin !
 
Sur ce point, la bibliothécaire ne pouvait être que rassurée, Jess n’aime pas abîmer les livres, tout comme elle n’aime pas spécialement en utiliser des abîmé, ayant toujours cette petite peur de les abîmer encore plus. Oui, il y a un grand nombre de fois le mot abîmé, je m’en excuse d’ailleurs.
 
 Lorsque Françoise l’eut enregistrée avec le livre et qu’elle s’apprêtait à passer les portes pour rentrer chez elle, elle l’arrêta avec un grand sourire aux lèvres.
 
-          A très bientôt Françoise !
 
A ses mots, Jess passa la porte, prit le train et rentra chez elle, soufflant de cette journée de boulot qui se finissait sur une note un peu plus mouvementée !