C’était calme. Bien calme. Enfin, c’était l’agitation naturelle qui régnait dans la cafétéria en règle générale. Certains parlaient fort, d’autres chantonnaient et l’on entendait les bruits des couverts. Et pourtant, c’était encore bien trop calme. C’était donc cela que l’on appelait, le calme avant la tempête. Quelque chose se profilait à l’horizon et personne ne s’en doutait. En vérité, même les principaux intéressés ne s’attendaient pas à cela. Dans la cacophonie habituelle, trottinait, oreilles bien droites, un petit chien de type corgi. Langue pendante, il avançait docilement dans la pièce. Quelque personne l’avait repéré, mais on voyait tellement de chose dans cette académie qu’il ne retenait pas l’attention. De son surnom de sac à puces, il n’en possédait pas une seule. Par contre, il portait bien un parasite. En trois lettres : Gil. Surement plus dangereux qu'une armée entière de ces maudites vermines.


Venait-il se sustenter ? Que nenni ! Son regard était froid et scrutait tout ces "grands" qui ne le calculaient pas. Si au début, l'apparition subite de Kochen lui avait fortement déplu comme a son habitude, il voyait pourtant en lui, un moyen d'arriver a ses fins. Il cherchait juste a savoir exactement comment procéder. Car bien évidemment, trouver Gil dans un endroit où il n'était pas censé être ne présageait rien de bon. Il n'avait pas de cible définie, ce qui pouvait être une bonne chose. Passant parfois à côté de quelques chaises, il s’empressait de jeter trois miettes de terres desquels pousseraient de magnifiques plans d'orties qui monteraient jusqu'au jambes des demoiselles qui étaient assise au-dessus. Il s'en réjouissait d'avance.

Il fit avancer Kochen jusqu'au self ce qui ne fut pas difficile car l'animal était attiré par toutes ces odeurs alléchantes. Sans rien demander, ce dernier vint poser ses toutes petites pattes contre la paroi du self. Heureusement, il était assez grand pour permettre a Gil de se hisser jusqu'à son museau et de sauter sur l'étalage. Kochen éternua a son passage  ce qui permit de faire une petite diversion. Ni une, ni deux il jeta dans la mixture devant lui quelques graines de sa spécialité. Principalement des graines de piments. Non piquantes mais irritantes. Il allait bien s'amuser. Il attendit alors le moment adéquat et sauta a nouveau sur le dos de son Sigil avant de s'éloigner un peu, attendant le début du spectacle.

Gil jubilait intérieurement. C’était si facile de berner ces idiots. Dans un coin un peu reculé de la cafétéria, il attendait. C’était bien l’un des seuls moment où il pouvait faire preuve de patience. Bon pas pendant trop longtemps, n’exagérons pas. Après 5 minutes il en aurait déjà marre et partirait chercher d’autre victimes. Mais cela promettait d’être fascinant. Kochen s’était couché, ne comprenant pas ce qu’ils attendaient de la sorte. Pourtant le spectacle débuta plus tôt que Gil ne l’avait prévu. Certains élèves se mirent à tousser très fortement, dû à l’irritation produite par les graines. D’autres s’inquiétaient de ce qu’il se passait, cherchant des réponses. Le lutin commença à glousser, fier de ce qu’il avait accompli.



La deuxième phase s’enclencha alors. De la terre disposée ça et là, les orties commencèrent a pousser et glissèrent le long des jambes des demoiselles. Une partie se levèrent subitement, grattant frénétiquement l'irritation provoqué par les feuilles tandis que l'autre ne faisaient que hurler sans bouger. Ce groupe était le pompon ! Entre ceux qui s'étouffaient a moitié et ceux qui se tortillaient sur leur chaises, le spectacle était fantastique ! L'être miniature se mit a rire de toute ses forces. Oh que c’était plaisant a voir ! Il aurait presque pu se faire repérer, mais c'était sans compter sur l'intervention de Kochen. Ce dernier, pensant avoir fait quelque chose de bien pour Gil, lui offrit une grande léchouille pour lui montrer comme il était content lui aussi.



"Dégage crétin de chien !" Hurla le lutin plein de bave en poussant le museau de son Sigil.


L'animal magique fixa son maître sans trop comprendre. Gil profita encore du chaos qu'il venait de mettre dans cette cafétéria. Sans prêter plus d'attention a ce qu'il passait en dehors de ses oeuvres.

Non.. Ça n'allait quand même pas...

Aussi vif que l'éclair, Gil vit un élève sortir d'à côté de lui en lui arrachant un léger sursaut. Celui-ci semblait profiter de l'agitation générale pour se faufiler a son tour vers le self. Qu'est-ce qu'il fabriquait ? Il eu bientôt la réponse. Sans plus attendre, entre les cris et les railleries qui montaient crescendo depuis quelques minutes. Dans un spectacle aussi fabuleux, il faut bien un bouquet final, non ? Et bien le lutin n'allait pas être déçu. Dans un grondement étouffé, il vit alors le plat s'étaler dans les airs pour retomber sur toutes les personnes aux alentours. Et revenant vers lui, triomphant, le garçon qu'il n'avait pas repéré avant. Un coup de maître ! Une apothéose ! Ça ne pouvait mieux se terminer ! Le silence qui s’abattit  l'espace d'un instant rajouta une couche a ce savoureux chaos.



Puis subitement, le chef se mit a enrager. Littéralement. Et cela arracha un nouveau rire a notre cher parasite. Il n'en avait pas l'habitude, mais il ne pouvait que saluer cette idée de génie. Peut-être que s'il avait été un peu plus grand, il aurait pu faire de même... Kochen se mit a aboyer, pensant que les autres étaient en train de jouer sans lui. Il fut calmé par un tape de Gil qui glissa son regard vers ce complice venu de nul part.



"Bravo gamin" dit-il simplement "Mais va pas falloir traîner trop longtemps dans le coin"


Il entendait déjà certains élèves chercher les coupables de cette anarchie. Si Gil n'avait peut-être pas été vu tout de suite, nul doute que le rapprochement avec les orties seraient vite fait. Quand au reste... Les graines peut-être encore, mais il n'y avait qu'une seule personne s’étant rapproché aussi rapidement du lieu du crime. Et bien que l'être miniature ai l'habitude de faire porter le chapeau a d'autres, il voyait là, un potentiel énorme en ce blondinet inconnu. Ce serait dommage de gâcher, non ?


Il fut tiré de sa rêverie par le chef qui haussait toujours plus le ton. S'ils ne voulaient pas passer un sale quart d'heure, il fallait se tirer en vitesse. Il tira sur les oreilles de son Corgi comme sur les rênes d'un cheval, lui indiquant qu'il était temps de mettre les voiles. Au moins se planquer derrière la porte de la cafétéria, histoire de ne rien manquer de la fin du spectacle. Il fit signe au garçon de le suivre, tant qu'ils en avaient encore le temps.
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Une fois plus ou moins à l’abri, Gil glissa un regard vers la salle. La tension ne baissait pas pour l’instant. Ça laissait le temps d’apprécier ce crime parfait. Qui ne le resterait pas éternellement mais bon. Profiter du moment présent... à se cacher derrière une porte. On a rien sans rien. Il se tourna alors vers son partenaire de carnage.


« Juste un lutin qui en veux à ses abrutis de « Grands » qui pensent que le monde leur appartient »



Et qui manque de l’écraser à chaque pas. Non vraiment, ils ne faisaient attention à rien. Et c’était l’une des raisons de sa rancoeur. Il pouvait presque les détester plus que Kochen... non. N’exagérons pas. Ce crétin de chien aurait toujours la première place.



« Enfin bon, certains ont l’air rattrapables. Bien vu le coup du pétard ! C’était une sacrée idée ! »


Il se demandait surtout s’il avait souvent des idées aussi inventives. Il le sentait bien ce gars-là. Ils pouvaient certainement faire bien mieux ! Gil était bien trop petit pour piéger le plus grand nombre. A condition que cet inconnu ne soit pas un chaotique occasionnel. Ce serait dommage pour un tel potentiel !



« Tu peux m’appeler Gil. Mais dis-moi, T’as souvent des idées pareilles ? C'est le meilleur que tu peux donner ?"

Pour une fois qu'il trouvait quelqu'un avec le même terrain d'entente. Si le calme commençait a revenir doucement au sein de la cafétéria, eux par contre, devaient encore rester sur leurs gardes. Kochen bailla de toute énergie et se laissa tomber sur le sol, visiblement un peu fatigué par les évènements. Cependant, il ne semblait pas encore disposé a disparaître.
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Notez bien tout ça dans le calendrier. Aujourd'hui était le jour incroyable où Gil écoutait quelqu'un avec attention ! Et sans chercher a rabaisser son interlocuteur. L'académie faisait donc aussi dans le miracle ? Bon après, sur un sujet comme ils abordaient... Mais c'était tout de même exceptionnel ! Il attendait les réponses a ses questions et lorsque celles-ci vinrent enfin, il ne le coupa aucunement. Si par contre la réponse concernant son rythme de farces était quelque peu décevant pour l'être miniature, il ne tarda a rehausser son estime par la suite. Il se redressa, bombant le torse lorsqu'il fut félicité pour ses actions. Ah oui, il n'en était pas peu fier. Et il avait encore de quoi se vanter, comme il aimait tellement le faire~

"Héhé, c'est tout bête. Je peux faire pousser n'importe quelle plante ! Mais j'avoue que les Orties sont mes préférées~"

C’était magnifique de voir ses victimes s'agiter dans tout les sens quand ils étaient piqués. Il ne connaissait pas meilleure satisfaction ! Plus encore lorsque sa cible ne se doutait de rien. Comme quelques instants avant cette discussion. Il laissa un silence s'installer alors que des élèves semblaient passer tout près d'eux, certainement pour sortir. après tout, personne ne resteraient éternellement dans cette cafétéria. Peut-être une issue de secours était en vue pour les deux fauteurs de troubles.

"En tout cas, Mike, j'ai hâte de voir ce que tu a prévu pour la prochaine fois. Au vu d'aujourd'hui, je sens qu'on ne va pas s'ennuyer." Ajouta-t-il avec un léger sourire en coin.

Il espérait surtout ne pas être déçu. Les petits fouteurs de bordel qui n'osaient pas recommencer, il en avait vu beaucoup. et si Mike ne semblait pas de cette catégorie, alors il attendait de voir encore mieux. Mais pas aussi bien que lui-même, il ne fallait pas exagérer. L'égo monstrueux du lutin l'empêchait d'entrevoir cette possibilité.

"Et qui sait, peut-être qu'on pourra se coordonner une nouvelle fois ? Je ne bosse jamais en équipe, mais j'avoue que je me suis bien amusé aujourd'hui ! T'as un fort potentiel ! Faut surtout pas le gâcher !"

Mais... Voilà qu'il commençait a se perdre en gentillesse. Décidément, la fourberie de ce garçon semblait lui avoir tapé dans l’œil. Si d'un côté, il refusait de partager le gain de la satisfaction, de l'autre, il voulait remettre ça.
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La discussion allait bon train. Gil était satisfait en tout les cas. Il n'y avait pas a douter que la prochaine fois, les murs risqueraient de trembler rien qu'en les voyant débarquer. Oh oui, il avait hâte. Après tout, mettre le bazar où il passe était l'une de ses spécialités. A ce que Mike venait d'ajouter, il ne pu s'empêcher d'émettre son avis :

"Il faut toujours viser plus~" avait-il dit simplement sans perdre son sourire narquois.

L'agitation environnante se calmait de plus en plus, la voie allait certainement être bientôt libre. En vrai, c'était un peu dommage, mais il fallait bien sortir a un moment ou a un autre. Et puis, ils étaient toujours dans l'académie. Pour rien au monde il ne louperais l’événement futur ! Ils auraient toujours un moment pour planifier quelque chose de bien plus énorme que quelques Orties et un pétard. Quand Mike se pencha vers lui, il tendit aussi son poing afin de sceller ce secret et es prochains qui les uniraient surement.

"J'y compte bien"

Après cela, il tira sur l'une des oreilles de Kochen pour le faire se lever et attendit un instant derrière la porte, vérifiant l'état du passage. Pour l'instant, ça avait l'air libre. Lui, n'aurait pas grand soucis a passer, mais pour plus grand...

"Allez ! C'est le moment de se tirer d'ici !"

Et le chien se mit a courir vers la sortie, profitant d'une ouverture pour s'échapper sans se faire repérer. Gil jeta un léger coup d’œil sur les quelques pousses d'Orties qui trainaient encore ça et là. Il étira un sourire avant de se concentrer sur le chemin et fut rapidement en dehors de la cafétéria. Il glissa son regard vers Mike une dernière fois.

"A la revoyure"

Et il fila dans les couloirs, commençant déjà a réfléchir a ce qu'il allait faire la prochaine fois. D'ailleurs, il lui restait un peu de terre. Il passa devant un groupe de fille et la jeta au centre, laissant les dernières orties pousser a leur guise. Oui, c'était bien ses plantes préférées.
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